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Son installation<br />
carte blanche,<br />
Invasive<br />
Micro-organisms,<br />
exposée à l’AKAA,<br />
à Paris, en octobre<br />
dernier.<br />
XAVIER RANDRIA/AKAA - JONATHAN GREET/COURTESY OCTOBER GALLERY<br />
donnent plus de place aux œuvres inclusives et interactives, car<br />
cela laisse une trace sur le spectateur et facilite les changements<br />
de mentalité, ce qui devrait être l’un des objectifs de l’art.<br />
Parmi vos dernières installations en Europe,<br />
on retrouve And the World Keeps Turning, présenté<br />
en 2021 à la Triennale de Bruges. Vous avez<br />
investi le Poertoren pour en faire une métaphore<br />
du temps qui passe…<br />
Quand j’ai été sélectionnée, les organisateurs m’ont invitée<br />
à choisir un élément du paysage de la ville pour le transformer<br />
en œuvre d’art. Le thème de la Triennale était « Trauma », l’interprétation<br />
était libre, mais il fallait utiliser des matériaux résistants,<br />
parce qu’il s’agissait d’une installation en extérieur qui<br />
allait rester sur place pendant des mois. J’ai commencé à réfléchir<br />
à l’histoire du pays et de la ville, du Moyen-Âge à l’époque<br />
moderne, jusqu’au présent, et je me suis rendu compte que je<br />
voulais capturer l’histoire sombre de la Belgique. Par contraste<br />
avec la période coloniale et postcoloniale, depuis le tournant du<br />
siècle, le pays a réussi à se construire une très bonne réputation,<br />
celle d’une nation pacifique et tranquille. C’est une évolution<br />
qui m’a interpellée. Mais je voulais également faire référence<br />
au savoir-faire manuel des femmes, qui sont connues pour leurs<br />
magnifiques dentelles. J’ai donc décidé d’habiller le bâtiment<br />
et d’en faire un point de repère dans la cité pour, d’un côté,<br />
évoquer les cycles de l’histoire et, de l’autre, rappeler aux gens<br />
la beauté de ces tissus traditionnels. Les formes entrelacées sont<br />
une référence à l’idée de communauté et d’interconnexion entre<br />
les êtres humains, qui est récurrente dans mon travail. Nous<br />
sommes tous embarqués ensemble dans ce voyage à travers le<br />
temps et les tournants de l’histoire.<br />
Vos œuvres sont exposées en Europe, en Australie,<br />
aux États-Unis, et bien sûr en Afrique. Vous avez<br />
notamment participé à « The Invincible Hands »,<br />
la première exposition du musée Yemisi Shyllon<br />
de Lagos, dédiée aux Nigérianes dans l’art, en 2021.<br />
Avez-vous de nouveaux projets sur le continent ?<br />
Ci-dessous,<br />
Ethereal Beauty,<br />
2017.<br />
Nous en sommes encore au stade d’ébauche et de recherche<br />
de financement, mais la fondatrice de l’organisation ARTPORT_<br />
making waves m’a proposé de participer à « We Are Ocean » et à<br />
une résidence au Nigeria : avec le soutien des Nations unies, ce<br />
projet vise à sensibiliser le public sur les conséquences des activités<br />
humaines et du réchauffement climatique sur les océans<br />
à travers l’art. Elle collabore déjà avec plusieurs organisations<br />
et artistes autour du globe, et c’est un projet qui résonne avec<br />
mon engagement pour l’environnement. Du coup, je me prépare<br />
à mettre en place des ateliers artistiques et des interventions au<br />
Nigeria. L’idée est de cibler un public jeune et les communautés<br />
qui vivent à côté de l’océan afin de réfléchir avec eux sur la<br />
façon dont les changements climatiques impactent sur ce dernier<br />
et sur leur propre vie. En même temps, nous créerons des<br />
œuvres éthiques, avec des matériaux sourcés dans les rivières<br />
ou l’océan, pour stimuler les observateurs à se pencher sur les<br />
questions liées à l’eau et à la montée des eaux. ■<br />
AFRIQUE MAGAZINE I <strong>435</strong>-<strong>436</strong> – DÉCEMBRE 2022-JANVIER 2023 97