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AM 435-436

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Le groupe<br />

est emmené par<br />

Seydou Diabaté<br />

(à l'arrière,<br />

à gauche).<br />

COLLECTIF<br />

DR - XOSE BOUZAS<br />

Kanazoé Orchestra<br />

GRIOT SPIRIT<br />

Toujours sous la houlette du Burkinabé Seydou<br />

Diabaté, cet EXALTANT ORCHESTRE<br />

enrichit son langage musical avec ce troisième<br />

album, qui marie tradition et modernité.<br />

ALORS QU’IL SAVAIT à peine<br />

marcher, Seydou Diabaté, dit<br />

Kanazoé, était déjà musicien.<br />

En effet, il appartient « à l’ethnie<br />

griot des Samblas qui ont comme<br />

particularité de s'exprimer en jouant<br />

du balafon, explique-t-il. Ce langage<br />

musical est précisément compris<br />

par les membres de la communauté ».<br />

Après la disparition de son père,<br />

il part à la quête du monde, ce qui<br />

le mène jusqu’en France. C’est là qu’il<br />

lance le Kanazoé Orchestra, baptisé<br />

d’après son surnom, avec Madou<br />

Dembélé au balafon et au n’goni,<br />

Thomas Koenig au saxophone et<br />

à la flûte, Stéphane Perruchet aux<br />

percussions, Elvin Bironien à la basse<br />

et Laurent Planells à la batterie.<br />

Après deux disques remarqués,<br />

le groupe réinvente sa grammaire<br />

sonore avec l’arrivée de la chanteuse<br />

et rappeuse Gaëlle Blanchard, qui<br />

introduit l’anglais, le créole et le<br />

français sur des morceaux à l’origine<br />

majoritairement chantés en dioula,<br />

mais aussi en moré et en sambla.<br />

« Nous avons voulu nous ouvrir, dans<br />

le but de toucher un public non initié<br />

à la musique africaine. » Mais<br />

pas de risque que Kanazoé oublie<br />

ses racines. En témoignent « Kassi »<br />

et « Folikadi » sur ce nouvel album,<br />

qui utilisent des gammes typiques<br />

des Samblas. « Hommage », lui, est<br />

dédié à son père, qui lui a appris<br />

le balafon : « C'est un instrumental,<br />

mais l’hommage en ici en toutes<br />

lettres. » L’esprit griot imprègne<br />

l’ensemble de ce disque généreux,<br />

solaire… mais qui assume également<br />

ses parts d’ombre : « Le rôle du griot<br />

est multiple, il s'agit de connaître<br />

l'histoire, les familles, de régler<br />

les conflits, de transmettre une<br />

sorte de sagesse et de connaissance,<br />

et d'améliorer la vie de la société.<br />

Les prises de position de “Kassi”<br />

au sujet de la condition des femmes,<br />

de “Ma Kalan” par rapport aux<br />

responsabilités des jeunes Africains<br />

venus en France pour étudier, ou<br />

encore de “Hero”, chanté en anglais,<br />

qui parle d'un enfant inquiet pour<br />

le monde dans lequel il devra vivre,<br />

vont dans ce sens. » Quant au titre de<br />

l’opus, c’est en référence au « cri du<br />

cœur » de son chanteur, à la suite des<br />

confinements de 2020. « Être artiste,<br />

c'est se mettre à nu et donner aux<br />

autres un concentré de soi-même,<br />

une émotion pure transmise en<br />

musique. En échange, on reçoit<br />

l'émotion et l'énergie du public. Sans<br />

concerts, les artistes perdent leur<br />

équilibre émotionnel… “Folikadi”<br />

signifie littéralement “Jouer nous<br />

fait du bien”. La musique comme les<br />

paroles sont une invitation à la fête :<br />

quand on l'entend, on ne peut pas<br />

s'asseoir tant qu'on n'a pas dansé ! »<br />

Alors, dansons ! ■ Sophie Rosemont<br />

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