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Le groupe<br />
est emmené par<br />
Seydou Diabaté<br />
(à l'arrière,<br />
à gauche).<br />
COLLECTIF<br />
DR - XOSE BOUZAS<br />
Kanazoé Orchestra<br />
GRIOT SPIRIT<br />
Toujours sous la houlette du Burkinabé Seydou<br />
Diabaté, cet EXALTANT ORCHESTRE<br />
enrichit son langage musical avec ce troisième<br />
album, qui marie tradition et modernité.<br />
ALORS QU’IL SAVAIT à peine<br />
marcher, Seydou Diabaté, dit<br />
Kanazoé, était déjà musicien.<br />
En effet, il appartient « à l’ethnie<br />
griot des Samblas qui ont comme<br />
particularité de s'exprimer en jouant<br />
du balafon, explique-t-il. Ce langage<br />
musical est précisément compris<br />
par les membres de la communauté ».<br />
Après la disparition de son père,<br />
il part à la quête du monde, ce qui<br />
le mène jusqu’en France. C’est là qu’il<br />
lance le Kanazoé Orchestra, baptisé<br />
d’après son surnom, avec Madou<br />
Dembélé au balafon et au n’goni,<br />
Thomas Koenig au saxophone et<br />
à la flûte, Stéphane Perruchet aux<br />
percussions, Elvin Bironien à la basse<br />
et Laurent Planells à la batterie.<br />
Après deux disques remarqués,<br />
le groupe réinvente sa grammaire<br />
sonore avec l’arrivée de la chanteuse<br />
et rappeuse Gaëlle Blanchard, qui<br />
introduit l’anglais, le créole et le<br />
français sur des morceaux à l’origine<br />
majoritairement chantés en dioula,<br />
mais aussi en moré et en sambla.<br />
« Nous avons voulu nous ouvrir, dans<br />
le but de toucher un public non initié<br />
à la musique africaine. » Mais<br />
pas de risque que Kanazoé oublie<br />
ses racines. En témoignent « Kassi »<br />
et « Folikadi » sur ce nouvel album,<br />
qui utilisent des gammes typiques<br />
des Samblas. « Hommage », lui, est<br />
dédié à son père, qui lui a appris<br />
le balafon : « C'est un instrumental,<br />
mais l’hommage en ici en toutes<br />
lettres. » L’esprit griot imprègne<br />
l’ensemble de ce disque généreux,<br />
solaire… mais qui assume également<br />
ses parts d’ombre : « Le rôle du griot<br />
est multiple, il s'agit de connaître<br />
l'histoire, les familles, de régler<br />
les conflits, de transmettre une<br />
sorte de sagesse et de connaissance,<br />
et d'améliorer la vie de la société.<br />
Les prises de position de “Kassi”<br />
au sujet de la condition des femmes,<br />
de “Ma Kalan” par rapport aux<br />
responsabilités des jeunes Africains<br />
venus en France pour étudier, ou<br />
encore de “Hero”, chanté en anglais,<br />
qui parle d'un enfant inquiet pour<br />
le monde dans lequel il devra vivre,<br />
vont dans ce sens. » Quant au titre de<br />
l’opus, c’est en référence au « cri du<br />
cœur » de son chanteur, à la suite des<br />
confinements de 2020. « Être artiste,<br />
c'est se mettre à nu et donner aux<br />
autres un concentré de soi-même,<br />
une émotion pure transmise en<br />
musique. En échange, on reçoit<br />
l'émotion et l'énergie du public. Sans<br />
concerts, les artistes perdent leur<br />
équilibre émotionnel… “Folikadi”<br />
signifie littéralement “Jouer nous<br />
fait du bien”. La musique comme les<br />
paroles sont une invitation à la fête :<br />
quand on l'entend, on ne peut pas<br />
s'asseoir tant qu'on n'a pas dansé ! »<br />
Alors, dansons ! ■ Sophie Rosemont<br />
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