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Page 48 ncyclopédie mondiale des bateaux sous-marins demi-heure le patient sergent Lee chercha un point vulnérable mais n’en trouva pas. Si bien qu’il dut refaire surface pour affronter un nouveau danger : l’aube qui améliorait progressivement la visibilité des anglais, accompagnée d’un courant le faisant dériver vers les positions ennemies. Il ne tarda pas à être repéré et une chaloupe venait vers lui. Sa décision fut immédiate. Comme il était hors de question de se laisser capturer, il décrocha sa torpille qui commençait à dériver et prit le large. Une heure plus tard, alors que Lee épuisé atteignait la baie de Black Point, il entendit derrière lui une forte explosion. La torpille de Bushnell venait d’éclater trop loin de sa cible pour lui causer des dommages. Tant pis, pensa le sergent, on remettra ça la prochaine fois. La tortue était sauve c’est ce qui comptait le plus. Quelques heures plus tard, remorqué par les baleinières, il rangeait le sous-marin contre le quai où l‘attendait Bushnell. Malheureusement le gouvernement américain s’intéressait peu à cette machine invraisemblable. « La situation politique était telle que je désespérai d’attirer l’attention publique et d’obtenir l’assistance nécessaire » écrivait Bushnell à court de moyens. Par bonheur le sergent Lee lui restait fidèle et les deux hommes convinrent d’effectuer une nouvelle tentative. Elle se déroula dans l’Hudson. Un brick emmena la tortue et celle-ci plongea. Mais elle fut déportée par la marée et ne put atteindre la frégate anglaise qui, ayant découvert le brick, le coula au canon. Heureusement Lee regagna le rivage sans encombre avec sa machine. Le 25 décembre 1776, une nouvelle offensive fut mise en route pour s’attaquer cette fois à la flotte de l’amiral Parker mouillée dans l’embouchure de la rivière Delaware. Parti de Bordentown en descendant la rivière, Lee parvint ainsi jusqu’au vaisseau « Maidstone » et se glissa sous sa coque selon la procédure prévue. Il réussit à fixer la vis dans l’épaisse carène de chêne, puis libéra le mécanisme d’accrochage et actionna le système de largage de la torpille qui en même temps activait la minuterie du détonateur. Tout s’était bien passé jusque-là et il entama la procédure d’éloignement en actionnant l’hélice horizontale. C’est à ce moment que les choses se compliquèrent dangereusement. La tortue n’arrivait pas à prendre le large pour une raison aussi simple que mortelle. Le câble de la torpille s’était pris dans les pales. A moins d’un miracle la tortue allait sauter avec le vaisseau anglais. Le sergent Lee qui avait de suite compris la situation, fit des efforts désespérés pour se dégager. Il y parvint mais durant la manœuvre il rompit également le câble de sorte que l’explosif voguait librement entre deux eaux. Il fallait fuir rapidement les lieux avant que l’explosion ne se déclenche. Il réussit à s’éloigner à bonne distance lorsque l’explosion se produisit, loin de la tortue mais aussi loin de la cible qui ne fut qu’arrosée. Le commandant du « Maidstone » rédigea un rapport à son supérieur, l’amiral Parker en ces termes : « Monsieur il me faut une nouvelle fois attirer votre attention sur l’ingéniosité de ces gens, dans les procédés qu’ils emploient pour nous nuire ». Sans sous-marin Bushnell effectua aussi, avec succès, des expériences sur différents modèles d’engins explosifs. En 1777, dans une attaque sur la frégate « Cerberus » à l’ancre au large de New London, il fait sauter Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL
ncyclopédie mondiale des bateaux sous-marins l’arrière de celle-ci et tue plusieurs hommes à bord, grâce à une mine remorquée derrière une goélette Ce fut le premier navire jamais détruit de cette façon. En Janvier, 1778, il envoya une cargaison de barils explosifs à la dérive sur la rivière Delaware, contre les navires britanniques sans plus de succès Cet incident donna lieu à un poème humoristique de Francis Hopkinson, intitulé «La bataille des Fûts». Finalement ses exploits lui permirent d’atteindre au cours de la guerre le grade de capitaine dans le corps des sapeurs démineurs. Après la victoire, l’indépendance et la paix, il se rendit en France pour vendre son sous-marin. Il n’obtint pas plus de réussite qu’en Amérique. En 1795, bien déçu, Bushnell retourne en Géorgie. En 1824, à Warrenton, un certain M. Bush vient de mourir à l’âge de 82 ans. Il a vécu ici pendant 30 ans. Il a pratiqué la médecine au cours des 20 dernières années. Il a également enseigné la fois la religion et la science à l’échelle locale à la Warrenton Académie. Ce Monsieur Bush était respecté, mais il était un homme très privé. Son exécuteur testamentaire eut pour surprise de découvrir des pièces de bois provenant d’un sous-marin et des papiers prouvant qu’il était en réalité, le célèbre David Bushnell inventeur du sous-marin et de la mine qui avait ouvert la voie de « la revanche des microbes sur les mastodontes ». Maquette américaine de la Tortue (vue de dessus, vue arrière et vue latérale) Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL Page 49
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