Patrimoine architectural : méthodes d'inventaire ... - Council of Europe

archéologiques, déjà effectuées sur ce site. Il s'agit de la forge d'Aube, dans l'Orne, une
forge d'affinerie de fer attestée, sur le même site, au milieu du XVI e siècle et peu
modifiée dans ses configurations spatiales et ses installations techniques, par son
utilisation tout au long du XIX e siècle et, jusqu'en 1944, comme fonderie de cuivre. Ce
site est donc un site vedette, déjà protégé au titre des lois sur les monuments
historiques, visité par le public et retenu pour une Encyclopédie internationale du
patrimoine industriel, à paraître début 1992 3 .
L'information historique et descriptive résumée sur les fiches rosés est bien plus
détaillée, complétée par des notices et des annexes - photocopiées ou dactylographiées
comprises dans le dossier. Celui-ci comporte aussi de nombreux documents
cartographiques ou graphiques anciens, et une couverture photographique bien plus
attentive: des vues d'ensemble des ateliers, des vues particulières de chaque atelier de
fabrication, et des vues à l'intérieur des espaces de travail, notamment du gros marteau
dont l'armature en bois rappellerait les dessins de l'Encyclopédie de Diderot et
d'Alembert.
Le troisième exemple que nous voulons donner, toujours pour sa forme, sa méthode
et ses sources plus que pour son contenu, est une usine du XIX e siècle, l'usine Abadie
construite à partir de 1866, une papeterie spécialisée dans le papier à cigarettes.
Cette usine Abadie, un établissement employant environ 180 personnes tout au long
de son existence était le principal employeur de la petite agglomération normande où
elle est située. La recherche sur cette usine a permis de retrouver, notamment auprès
d'anciens ouvriers de l'usine et dans l'usine elle-même, de nombreux éléments
documentaires, reproduits dans le dossier: des documents d'architecture concernant non
seulement les ateliers de production, mais aussi la crèche et les logements d'ouvriers
construits entre les deux guerres. Il y a aussi des documents concernant les dispositifs
commerciaux de l'entreprise, des aperçus de la vie sociale à l'usine, des postes de
travail - tel le travail manuel de délissage, de découpage de chiffons - et d'autres détails
sur les machines à papier, sur les manutentions, etc.
La couverture photographique effectuée en 1988 nous montre une usine désaffectée,
l'établissement ayant fermé ses portes en 1975, une dizaine d'années avant le début du
repérage. Une photographie aérienne oblique permet de mieux saisir l'insertion de
l'usine dans le paysage et sur le cours d'eau, tandis que les détails des ateliers - utilisés
de nos jours comme entrepôts de stockage pour un supermarché - témoignent d'une
architecture usinière particulière des années 1880.
Nos trois exemples viennent tous du département de l'Orne en Basse-Normandie,
l'une des premières régions "test" où le repérage était lancé en 1986. Le chercheur
chargé de cette opération, Yannick Lecherbonnier, auteur donc de ces trois dossiers et
de 318 autres pour l'ensemble de l'Orne, a mis environ trois années pour "traiter" ce
département.
3 The Blackwell Encyclopaedia of industrial Archaeology, Basil Blackwell, Oxford.
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