Exode (des Kurdes d'Irak) - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISfA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASLN ÖZETÎ
I Le Point 1 er avril 19911
IRAK
Kurdistan: Zakho, ville libre
Les peshmerga ont mis en déroute rarmée irakienne.
Mais la guérilla kurde craint une contre-attaque chimique. Reportage.
De notre envoyé spécial au Kurdistan
Laville est tombée comme un
fruit mûr. Les maquisards sont
descendus des montagnes, ont
pris les deux forts qui gardent
cette verte vallée à la frontière turque
plantée de figuiers et de vignes et ont
libéré le 13 mars Zakho, ville kurde de
60 000 habitants. Là, entre les montagnes
enneigées de Turquie et les
contreforts qui gardent la plaine de
Mossoul, commence le Kurdistan
libre, l'enclave de la rébellion. Déjà y
germent les embryons d'une administration
provisoire qui pourrait devenir
celle d'une province autonome dans
un ensemble fédéral irakien.
Une déferlante: les peshmerga, les
combattants kurdes, ont repoussé les
Irakiens jusqu'aux portes de Mossoul,
seule grande ville du nord de l'Irak encore
entre les mains du régime de
Saddam Hussein. En fait, la batai!!e de
Zakho n'a pas eu lieu, à part quelques
barouds d'honneur à l'artillerie des
Irakiens, qui ont vite décroché. Trois
heures de combat à peine, la débâcle.
Aujourd'hui, il ne reste guère de
traces du régime irakien, hormis quelques
posters de Saddam déchirés et
des impacts de balles sur les murs. La
ville a été nettoyée comme si on avait
voulu effacer le cauchemar de la répression
contre les vallées rebelles.
Depuis, le Kurdistan irakien est libéré
à 90 %, vous assure-t-on ici. Coup fatal
pour Bagdad: le retournement des
milices locales, les (c bataillons» surnommés
avant la victoire kurde les
jashs (Ies imbéciles) .
Alors, pour fêter cette victoire sur
Bagdad, la ville-frontière a ovationné
le retour de Jalal Talabani, le leader de
l'UPK (Union patriotique du Kurdistan),
en exil à Damas. Un retour
triomphal: Jalal Talabani est entré
dansJa ville comme un vainqueur, en
tenue de combat sous les ovations des
peshmerga. Depuis deux jours, il piétinait
à la frontière syrienne, dans l'attente
de la fin des pluies qui ont transformé
la zone frontière en bourbier.
« C'est la première fois que le peuple
kurde parvient à surmonter son plus
grand obstacle: les divisions. Aujourd'hui,
l'unité des partis nous conduira à
la fédération dans un Irak indivisible. »
Autonomie? Prudent, connaissant les
craintes des pays qui se partagent les
zones kurdes (Iran, Irak, Turquie,
Syrie, URSS), le chef kurde refuse de
parler d'indépendance: «Trop idéaliste
", lâche-t-i1, diplomate, de retour
d'Ankara. Le rebelle respecte aujourd'hui
l'ordre des frontières.
Emu, jumelles en bandoulière, bedonnant
dans son large pantalon, Jalal
Talabani s'est adressé depuis le
balcon du casino de la ville à ses
troupes - une marée de turbans et
de cartouchières - évoquant les
« martyrs» du Kurdistan et prédisant
la fin proche de Saddam Hussein. « Un
Kurdistan libre, c'est un exemple de démocratie
pour l1rak et aussi pour tout
le Moyen-Orient ", dit-il, promettant
l'instauration prochaine d'un gouvernement
provisoire à l'intérieur. Des.
jeeps chargées de combattants, dra-
OZTURK
SIPA PRESS
Jalal Talabani
DIplomate,
le rebelle
respecte
aujourd'hui
l'ordre
des Irontlères
et reluse
de parler
d'Indépendance.
rentes à la lutte du peuple irakien. "
A l'évidence, les montagnes kurdes
regorgent de combattants. Les peshmerga
d'hier, clandestins sortis de
leur tanière, mais aussi les miliciens
retournés, les jeunes recrues, les écoliers
en armes. Une armée de gueux
où pointe quelquefois l'anarchie, mais
qui a réussi à chasser ce que l'on appelle
ici « l'occupant arabe ". Brusquement,
début mars, quelques jours
après le cessez-le-feu allié face à
l'Irak, la révolte a éclaté au grand jour,
. sortant des nids d'aigle et des abris
souterrains pour submerger les
bourgs et les vallées. Ainsi, Zakho a
été libérée facilement en quelques
heures. Il a suffi aux maquisards d'attaquer
le siège du parti Baas et le
quartier général de la police avant de
maîtriser un fortin qui domine la ville.
Objectif, aujourd'hui: maintenir la
ARABIE
SAOUDITE
MER CASPlEN".if
Téhéran.
-Dezlul
_ Territoiresrevendiquéspar I~s.~~r~~s.,.. __,. ....
peau jaune sur le capot en signe de . pression sur Bagdad, et empêcher à
reconnaissance, sillonnent la ville. Des tout prix une contre-attaque. Les
batteries antiaériennes prises aux lra- prises sur l'ennemi sont importantes,
kiens surVeillent le ciel, les armes montrant que les défenseurs ne se
abondent, les munitions aussi. Au pas- battent pas jusqu'à la. dernière carsage,
Talabani se fera goguenard 'pour touche. Hélicoptères, tanks, DCA: le
évoquer l'attitude des grandes puis- butin de guerr~ des peshmerga est
. sances : «Elles ont, certes, combattu éloquent. Aujourd'hui, ils utilisent des
contre Bagdad;- nlais' elles se inoir;;', chars dans les batailles près de Mostrent
aujourd'hui quelque peu indiffé- soul et de Kirkouk. .
Ahvoz
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