Exode (des Kurdes d'Irak) - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE"PRESS REVIEW"BERHEVOKA ÇAPÊ"RMSfA STAMPA"DENTRO DE LA PRENSA"BASIN ÖZETi
LE FIGRO 4avril 1991
'Dans les coùloirs de l'Assemblée nationale
Ecœurement
«Les Kurdes irakiens sont
aujourd'hui les victimes de la
paix I Il, affirme, dans les couloirs
de l' A~mblée nationale
M. André .8"3ntini,député UDF.
« Ce qui" est encore plus tragique,
c'est que l'on ne parle de
ce peuple qu'à l'occasion de
massacres Il, s'insurge-t-il. Chez
ses collègues, tous groupes
confondus, le même écœurement
était perceptible, mardi
2 avril, même si l'annonce par
le gouvernement français de la
saisine du Conseil de sécurité
de 'l'ONU est venue apporter
une mince lueur d'espoir.
Le sort des Kurdes écrasés
par les troupes irakiennes symbolise,
aux yeux de nombreux
députés partagés entre la rage
et l'impuissance, l'échec de la
paix dans cette période d'aprèsguerre
du Golfe. M. Jean-François
Deniau (UDF) avait d'ailleurs
l'intention d'interpeller le
gouvernement sur ce point,
mercredi, 11l'occasion de la
séance des questions d'actualité.
«Autant la guerre fut bien
menlte; 'aû"tafit la paix est mal
gltrlte II, remarque M. Pierre
Lequiller (UDF) qui, avec nombre
de ses collègues, estime
que l'état de grâce s'est aujourd'hui
dissipé. «Je trouve particulièrement
scandaleux qu'au
nom des droits de l'homme
nous soyons alllts au Kowe!"t
pour dltfendre les,lobbies plttroliers
et qu'aujourd'hui on ne
fasse rien pour arrllter le massacre
d'un peuple II, proteste
M. Pierre Mazeaud (RPR), qui
n'avait voté le 16 janvier l'entrée
en guerre de la France que
du bout des doigts. D'autres,
comme lui, s'indignent de la
règle des deux poids deux
mesures qui semble prévaloir
aujourd'hui.
«L'absence de l'Occident est
insupportable. On se prltoccupe
à bon droit du peuple palestinien
mais que fait-on pour le
peuple kurde Itclatlt dans plusieurs
pays?» (1), souligne
M. Pierre-André Wiltzer (UDF),
tandis que Mm.Christine Boutin
(UDC) s'exclame: « C'est l'horreur/»
«Je suis effondrlt, confie
également M. François d'Auben
(UDF). Nous sommes alllts liMrer
le Kowert au nom du nouvel
ordre international mais la
mllme morale ne jou~, fas
aujourd'hui pour les Kurdes. Il
Les condamnations de « l'immobilisme
international» s'égrllnent
au fil des conversations
sans pour autant que des solutions
vraiment concrètes n'apparaissent.
Nul ne parle d'aller
libérer manu militari le peuplé
kurde de l'oppression irakienne.,'
« Ce qui se passe est ignobrè,,',
, 'mllme s'il n'y a pas d'Etat kuide}~
en soi II, lance M. Philippe MEis>
t~e (UDF). « C'est dramatique.»,
ajoute le porte-parole du grouPé
socialiste, M. Jean Le Garre~.
« Ne rien faire risque à terme,
d'antr"her l'action menlta au
Kowert par les coalislts. Les
pays occidentaux ne disent pas:
grand-chose. Mais les pays
arabes encore moins ", sou-'
Iigne-t-il.
«Comment
interyenir? »
« Nous sommes très dltsarmlts,
reconnaît, pour sa part, le
président de la commission des
lois, M. Michel "'apin (PS).
« Comment intervenir? Où intervenir
pour agir' c:oncrèie.
ment? Il, s'interroge-t,~il, eri
notant au passage que « les
mllmes qui, hier, nous àccù-'
saient de vouloir aller à Bagdaq
veulent aujourd'hui q:J3 nous "
allions à Mossoul ... Il (nord de "
l'Irak). « Vis-à-vis du Kowe!"t,
poursuit M. Sapin, nous avions
un impltratif de droit. A vec les
Kurdes, il s'agit d'un impltratif
d'humanitlt. Mais il faut bien
reconnaftre la difficultlt de le traduire
en acte. Quant aux chiites
du Sud, qui sont 6galement
Itcraslts, je remarque qu'on en
parle peu. Il
Enfin, nombreux son't les
députés 11ne pas comprendre, à
ne pas admettre, l'attitude des
Etats-Unis dont ils co'ndamnent
la paSSivité et l'attentisme. Certains
ne s'en étonnent pas et
rappellent le silence des Américains
devant le sort réservé au
Liban et aux forces du général
Aoun au moment même où'l'essentiel
de la communauté inter-
nationale brandissait l'étendard
de la morale et du droit international
pour partir 11 la ,:
reconquête du Kowell.
PIERRE SERVENT'
(I) Irak, Iran, Turquie, Syrie et
Union soviétique. '
,c,
.Tartuferie
, LE massacre des Kurde~
par le tyran de lIag--
dad et les images pi-'
l,toyables du nouvel e~ode de
:ce ,peuple martyr siiulèvent
'l'indignation. S'indigner est
:noble. Agir, autrement que
:par le "erbe, 'pour mettre un
'terme à un génocide, le serait:
:bien davantage.
PAR JACQUES
JACQUET-FRANCILLON
Hélas! une fois de plus,
';face à la tragédie, c'est la
;tartuferie qui mène le bat:
iTout le monde condamne.
~Personne ne fait rien. Per-
'sonne, sauf la France, bien
,sOr. C'est Paris qui a saisi les:
Nations unies. Grâces lui en'
'l'oient rendues.
'
, Le président de la, Répu-
'blique «( insiste pour que la
France obtienne du Conseil
:de sécurité, malgré les diffi-
,cuités rencontrées, que soit
'condamnée la répression en
,Irak qui frappe particulière-'
'ment la population kurde Il.'
:Si tel ne d,evait pas être l6~
:cas, « La France ne saurain
lêtre solidaire d'une telle ca-l
:rence ». Bien dit!
'
M"is qu'une pieuse:
,condamnation de ce genre ne'
:p_~sseavoir d'autre effet que
'C8Iui d'un cautère sur une
jambe de bois ne relève-t-il
pas de la plus élémentaire
;évidence?
Que peut faire l'ONU?
:QiJelles sont les «( difficultées
:rencontrées »auxquelles fait
allusion le chef de l'Etat?
Aucun mystère. Il s'agit,
de l'alinéa 7 de l'article Il de
jla Charte des Nations' unies
qui interdit à l'organisation'
_inte.t:.ri~t_i~lede s'imm!~~~~
ëlans'IëS Ii âlJaiiés Intérieures'
~desÉtats membres Il.
, ,; Contestons-nolls ce prin-'
c~e au nom de celui, si cher à
"'rançois Mitterrand, du ( de-
,poii d'ingérence humani-:
itinri{ » ? '
, "('ertes non. Notre minis-'
ltte''''~es Affaires étrangères,
~jloJ$nd Dumas lui-même, ,
tI'~ffJfmait-il pas mercredi,'
i\evitnt l'Assemblée nationale, "
que l'initiative française,
f!i!:onstitueun appel enfaveur
'f!!!sKurdes Il mais que « la,
'ff.rance ne veut pas s'ingérer
i/Ilns les affaires intérieures
de l'Irak )I?
'
Alors, comprenne qui
pourra... . '
, Sauf à se souvenir que,
'E", 'ndant la guerre du GOlfe, le
,o,uvernement français n'a
~é de proclamer que' son
objectif était la seule IibératiQn
du Koweït et non la ,destruction
du régime de Bagèlad
Ṡauf à se souvenir que
Î'0us avons applaudi à la déci-,
sion hâtive de George Bush'
(le mettre fin aux combats au '
~out des cent heures éblouis- :
santes de l'offensive terrestre
ides alliés. Les vingt-quatre à '
~quarante-huit heures supplé- '
mentaires de carte blanche,
trefusées au général Schwarzkopf
n'auraient-elles pas
Privé Saddam Hussein d'une
grande partie de l'arsenal,
qu'il utilise pour le masSacre
:!lesKurdes?
, Sauf à tenir compte, enfin,
du fait que, à peine l'accord
provisoire de cessez-le..:~'
feu signé sur le terrain, nous
avons été les premiers à plier,
bagages et à ramener à la;
maison le plus gros des effectifs
de la division Daguet.
, Si d'aventure nous songions
à traduire nos bonnes
paroles en actes, avec quelles
forces pèserions~nous aujour-,
d'hui en faveur de la cause'
légitime des Kurdes dont nous'
J10USvoulons les cham.pions?
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