Sud-Sud
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COMMENTAIRE<br />
Il est clair que la rencontre entre l’Orient et l’Occident, au début du XIX e siècle, n’a pas été un affrontement<br />
percut ant et violent. Le texte nous indique que la confrontation fut amicale et fondée sur une compréhension<br />
des coutumes et traditions de l’autre, la recherche de points communs et la volonté d’expliquer les divergences.<br />
Tout cela est dans l’esprit de la culture arabo-musulmane, qui accepta la diversité et la différence lorsqu’elle<br />
régna au sommet de la civilisation du VIII e siècle de l’ère chrétienne jusqu’à sa chute en Andalousie, à la fin du<br />
XV e siècle.<br />
Les qualités et les vertus humaines sont les mêmes chez tous les peuples. Néanmoins, les gens diffèrent<br />
parfois – par exemple, dans leur façon de considérer les femmes. En France, elles sont très respectées et<br />
jouissent d’une liberté beaucoup plus grande qu’en Orient. Cela n’a cependant pas empêché que le statut des<br />
femmes progresse dans le monde arabe et musulman. Qasim Amin (1863-1908) a publié Taḥrīr al-mar’a (La<br />
Libération de la femme) en 1899 et al-Mar’a al-jadīda (La Femme nouvelle) en 1900. Dans ce dernier ouvrage,<br />
en réponse aux réactions véhémentes suscitées par son premier livre, il reprend ses opinions précédentes sur<br />
les femmes en les étayant cette fois par un système de pensée laïque et des exemples pris en Occident.<br />
Qasim Amin avait eu pour prédécesseur Zaynab Fawwaz<br />
(1846-1914), originaire du Liban, qui défendit les droits<br />
humains des femmes dans le cadre de la tradition et de<br />
la loi musulmanes. Fawwãz avait certes conscience de sa<br />
parenté arabe, mais elle était surtout en prise avec son<br />
identité musulmane. Dans ses travaux publiés, elle n’alla<br />
pas à l’encontre des opinions de l’establishment politique<br />
égyptien ou de l’empire Ottoman en général. Son œuvre<br />
s’inscrivit dans la continuation de Tahtawi, qui appela à<br />
instruire les filles et les garçons lorsqu’il fut membre du<br />
comité de planification de l’éducation en 1836. Toutefois, il<br />
fallut attendre 1873 pour que soit créée la première école de<br />
filles en Égypte.<br />
Manuel de philosophie : une perspective <strong>Sud</strong>-<strong>Sud</strong><br />
Puis vint Inji Efflatoun (1924-1989), une Égyptienne dont le<br />
premier livre, Thamānūn milyon imra’a ma’anā (Quatre-vingt<br />
millions de femmes sont avec nous) fut publié en 1948,<br />
avec un avant-propos de celui qui était alors président de<br />
l’université du Caire, Taha Hussein 83 . Dans ce livre, Efflatoun<br />
expose ses idées sur les effets délétères et destructeurs<br />
de l’impérialisme sur le monde, en particulier sur le monde<br />
arabe. Son deuxième livre, Naḥnu an-nisa’ al-miṣriyāt (Nous,<br />
les femmes égyptiennes) publié en 1949 traitait de la<br />
détérioration du statut social et politique des Égyptiennes à<br />
la lumière de la détérioration du climat politique en Égypte.<br />
Efflatoun associait le déclin général de la politique égyptienne<br />
et l’affaiblissement de la démocratie au statut de la femme<br />
égyptienne, rouage essentiel de la construction sociale.<br />
À l’époque moderne, un mouvement des femmes s’est créé<br />
dans le monde arabe. Fatima Mernissi est née à Fès, au<br />
Maroc, en 1940. Passée de la recherche scientifique à la<br />
littérature et au roman, son œuvre est influencée par des<br />
idées empruntées à la recherche scientifique qui l’a formée<br />
83<br />
Taha Hussein fut doyen de la faculté de lettres de l’université du Caire et président de l’université d’Alexandrie (NdT).<br />
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