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Sud-Sud

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Le contentement que je ressentais suffisait à me libérer de tout souci quant à l’avenir. J’étais certain de trouver<br />

le bonheur ou la satisfaction sans avoir affaire avec quiconque ou solliciter qui que ce soit. J’en vins même<br />

à penser que je pourrais vivre seul en ce monde, ou vivre seul sans aucun contact, comme ces yogis retirés<br />

dans l’Himalaya…<br />

Le non-attachement découle non seulement de ce qu’il n’existe rien à quoi nous puissions nous attacher, mais<br />

aussi de ce que nous ne nous attachons pas à ce que nous possédons, quoi que ce soit. Était-il alors possible<br />

de ne posséder que quelques menus objets, juste assez nombreux pour nous permettre de faire le bien autour<br />

de nous, sans pour autant subir le poids de l’attachement ? Telle était la question dont je cherchais la réponse.<br />

Tandis que mon esprit tournait et retournait cette question, le courage et la joie de<br />

prendre la responsabilité de quelque chose qui me lie s’éveillèrent spontanément.<br />

D’un côté, je ressentais le besoin de ne pas renoncer à mon bonheur tout<br />

neuf, de l’autre je cherchais le moyen de ne perdre aucun des deux. J’ai<br />

finalement pu les obtenir l’un et l’autre. Cela, parce que j’avais d’abord goûté<br />

au dénuement total, qui m’avait appris des choses importantes : je savais<br />

désormais comment me débarrasser des biens venus s’ajouter à la liste<br />

ancienne. Car j’avais fait du chemin depuis l’époque où je ne savais pas<br />

renoncer aux choses, mais seulement m’en emparer.<br />

Il n’en reste pas moins que vivre en solitaire, sans s’occuper de faire le<br />

bien autour de soi, procure davantage de bonheur. Cependant, nous autres<br />

hommes avons probablement une dette intrinsèque : ainsi, si nous sommes<br />

devenus ce que nous sommes, c’est grâce aux sacrifices et à l’abnégation<br />

de nos aînés. Il est donc naturel que certains d’entre nous aient le courage de<br />

sacrifier leur propre intérêt pour servir les autres.<br />

Mais comment nous conduire en bons samaritains sans subir trop de perte est une<br />

question, à laquelle il nous faut réfléchir. Je peux y répondre ici en vous assurant qu’il<br />

n’est pas d’autre moyen que d’aller quelque temps vivre seul sans possession aucune.<br />

Cela vous aidera à parvenir à la solution et à acquérir la force mentale nécessaire pour<br />

surmonter les épreuves [...].<br />

Buddhadasa Bhikkhu, The First Ten Years of Suan Mokh (Garden of Liberation), traduction anglaise par<br />

Mongkol Dejnakarintra, Bangkok : Dhammadana Foundation, 1990, pp. 15-18.<br />

Traduction de l’extrait en français par l’UNESCO.<br />

Asie-Pacifique<br />

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