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confidato

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Les yeux levés, Valrin faillit buter contre un vock bombé à la<br />

peinture fluo. La créature rampant sur le trottoir était l’une des<br />

rares formes de vie indigènes à avoir survécu à l’écoformation<br />

humaine – c’est-à-dire que ni le réchauffement, ni les rats, ni les<br />

insectes importés n’étaient parvenus à l’éradiquer<br />

complètement. C’était peut-être leur insignifiance même qui<br />

avait sauvé les vocks, même s’il n’était pas question de tolérer<br />

leur présence dans le centre-ville : les vocks n’étaient guère que<br />

des cailloux poreux montés sur un fouillis de pattes. Ils se<br />

nourrissaient de déchets laissés par les insectes, de pollen<br />

drainé par la pluie, bref de tout ce que la substance pseudo<br />

corallienne qui leur faisait office de corps était en mesure<br />

d’absorber.<br />

Ce vock-ci se traînait lamentablement, comme s’il fuyait un<br />

ennemi. Mais cet ennemi avait élu domicile sur son dos : une<br />

colonie de tout petits escargots qui, lentement mais sûrement,<br />

l’asphyxiaient dans leurs sécrétions de bave.<br />

L’autre survivant de la colonisation était une plante<br />

particulièrement résistante nommée tulsi ; son tronc massif,<br />

émergeant de racines énormes comme des contreforts de<br />

cathédrales et gainé d’une croûte identique à celle du vock,<br />

hissait à huit mètres des branches tortillonnées, hérissées de<br />

piquants et terminées en fer de hache. Celles-ci moussaient un<br />

jus blanchâtre en produisant une fragrance de basilic – elles<br />

profitaient de l’eau pour synthétiser certaines protéines. Le seul<br />

moyen de les déraciner étant de les faire sauter à l’explosif, on<br />

s’en servait pour délimiter les propriétés.<br />

Le ciel se couvrit, dissimulant la lame argentée du Collier, et<br />

une pluie drue se mit à tomber. En un clin d’œil, les rues se<br />

vidèrent et les passants se réfugièrent sous des tentes déjà<br />

dressées. Valrin continua à déambuler bien que la sensation ne<br />

fût pas des plus agréables : il ressentait chaque goutte s’écrasant<br />

sur sa peau hypersensible. Peu à peu les caniveaux<br />

s’engorgèrent.<br />

Ses jambes ne tardèrent pas à donner l’impression de baratter<br />

de la mélasse. Il se réfugia dans un débit de boissons. Des grils<br />

répandaient une odeur de friture qui l’indisposa : son estomac<br />

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