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Aventuriers de la s..

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Après les morsures, vinrent le martinet et <strong>la</strong> cravache. Tout<br />

était progressif, mais <strong>de</strong> chaque étape franchie Lucrèce tirait<br />

une sorte <strong>de</strong> fierté. Celle d’affronter le dragon et d’en sortir<br />

meurtrie mais vainqueur, <strong>de</strong> maîtriser sa peur, <strong>de</strong> faire<br />

confiance à son bourreau, <strong>de</strong> transgresser <strong>la</strong> morale et <strong>de</strong><br />

choquer tous les gens qui pourraient les voir.<br />

Enfin quelqu’un aimait son corps et s’occupait d’elle. Elle<br />

savait que si elle jouait <strong>la</strong> « dominée », c’était elle qui en réalité<br />

décidait <strong>de</strong> tout, elle qui choisissait l’intensité <strong>de</strong>s marques, et<br />

l’intensité <strong>de</strong> leur amour. Jamais l’expression « se soumettre<br />

pour dominer » ne lui avait semblé plus adaptée à leurs jeux.<br />

Et puis était survenu l’« inci<strong>de</strong>nt ».<br />

La <strong>de</strong>uxième gran<strong>de</strong> b<strong>la</strong>gue <strong>de</strong> ma vie, après ma naissance<br />

dans un cimetière.<br />

C’était un samedi soir.<br />

Le ciel s’obscurcit et <strong>de</strong>s éc<strong>la</strong>irs jaillissent au loin. Le<br />

gron<strong>de</strong>ment suit, mais il ne pleut pas encore.<br />

Lucrèce Nemrod inspire à fond l’air tiè<strong>de</strong>, puis souffle<br />

lentement. Elle ferme les paupières.<br />

Un samedi soir à 22 heures.<br />

Comme à leur habitu<strong>de</strong> les <strong>de</strong>ux pensionnaires s’étaient<br />

donné ren<strong>de</strong>z-vous dans <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong> Marie-Ange. Comme à<br />

leur habitu<strong>de</strong>, elles s’étaient déshabillées.<br />

Cette fois son amante l’avait entravée aux quatre coins du<br />

lit. Elle était étendue sur le dos, entièrement nue. Elle lui avait<br />

posé un ban<strong>de</strong>au sur les yeux, et enfoncé un bâillon dans <strong>la</strong><br />

bouche.<br />

Et puis étaient venus, dans l’ordre : les caresses, les baisers,<br />

les morsures, les coups <strong>de</strong> martinet.<br />

Lucrèce avait senti le p<strong>la</strong>isir interdit monter <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong><br />

ses nerfs, <strong>de</strong> chaque centimètre <strong>de</strong> sa peau. Elle gémissait dans<br />

son bâillon alors que le « Lacrimosa » <strong>de</strong> Mozart montait dans<br />

<strong>la</strong> chambre.<br />

Et soudain les baisers avaient cessé.<br />

Lucrèce avait attendu, à <strong>la</strong> fois inquiète et impatiente. La<br />

première sensation d’étrangeté avait été ce courant d’air frais<br />

qui avait effleuré son ventre. Elle avait songé « Marie-Ange a<br />

oublié <strong>de</strong> fermer <strong>la</strong> porte ».<br />

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