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Aventuriers de la s..

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n’était pas rancunier. Il m’a même envoyé un baiser à distance,<br />

en disant bien fort : « Allez, je ne t’en veux pas, Cathy, si tu as<br />

besoin d’ai<strong>de</strong> n’hésite pas à m’appeler. Je serai toujours là pour<br />

toi au nom <strong>de</strong> l’estime que j’avais pour ton père et au nom… <strong>de</strong><br />

ce que nous avons vécu ensemble. »<br />

ŕ Il s’exerçait <strong>de</strong>vant son premier public, remarque Isidore,<br />

troublé lui aussi.<br />

ŕ Ma vie s’est arrêtée. J’ai fait une dépression. Je ne<br />

bougeais plus, je ne par<strong>la</strong>is plus. J’avais pris en grippe tout ce<br />

qui ressemb<strong>la</strong>it <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong> loin à <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>isanteries, <strong>de</strong>s<br />

b<strong>la</strong>gues, <strong>de</strong>s comiques. Un jour est arrivé le groupe « Nez rouge<br />

et blouse b<strong>la</strong>nche », ils m’ont vue prostrée et ont voulu me<br />

détendre en me faisant rire. Alors je les ai frappés, avec tout ce<br />

que j’avais sous <strong>la</strong> main.<br />

Le nez rouge en p<strong>la</strong>stique crève entre ses doigts. Elle le jette<br />

violemment dans <strong>la</strong> corbeille.<br />

ŕ Et puis j’ai rencontré un psychologue <strong>de</strong> l’hôpital. C’est<br />

lui qui a diagnostiqué ma ma<strong>la</strong>die.<br />

ŕ L’agé<strong>la</strong>stie ? <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Isidore.<br />

ŕ Exactement. Vous connaissez ?<br />

ŕ On a appris ce<strong>la</strong> à <strong>la</strong> GLH. C’est Rabe<strong>la</strong>is qui a inventé le<br />

mot, renchérit Lucrèce en élève zélée.<br />

ŕ Cette ma<strong>la</strong>die prend différentes formes. Elle survient<br />

parfois après <strong>de</strong>s traumatismes. Pour moi il s’agissait <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

forme <strong>la</strong> plus aiguë. Plus aucun rire. Une allergie complète à<br />

l’humour. L’écoute <strong>de</strong> <strong>la</strong> moindre b<strong>la</strong>gue me provoquait <strong>de</strong>s<br />

p<strong>la</strong>ques d’urticaire. Un sketch à <strong>la</strong> télé me donnait <strong>de</strong>s vertiges.<br />

Ce psychiatre m’a dit qu’il n’existait pas <strong>de</strong> traitement connu<br />

contre l’agé<strong>la</strong>stie chronique, mais qu’il vou<strong>la</strong>it tester une<br />

nouvelle thérapie douce à base <strong>de</strong>… lecture <strong>de</strong> tragédies.<br />

ŕ Génial, <strong>la</strong>isse échapper Isidore.<br />

ŕ Il me racontait <strong>de</strong>s histoires déprimantes. Il me<br />

<strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>s œuvres qui finissent mal comme Roméo<br />

et Juliette, ou Macbeth <strong>de</strong> Shakespeare, Notre-Dame-<strong>de</strong>-Paris<br />

<strong>de</strong> Victor Hugo, La Case <strong>de</strong> l’oncle Tom <strong>de</strong> Harriet Beecher-<br />

Stowe, Des fleurs pour Algernon <strong>de</strong> Daniel Keyes. J’adorais les<br />

histoires d’amour impossible, les récits où à <strong>la</strong> fin les héros<br />

mouraient assassinés ou se suicidaient. Ce<strong>la</strong> me donnait le<br />

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