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le briser. Tout <strong>ce</strong> qu’il portait chuta brutalement. Le chaos qui s’ensuivit lui permit de retrouver son sangfroid.<br />
Les gens le fixèrent, stupéfaits. Ce n’était pas impossible de briser un plate<strong>au</strong>, surtout si <strong>ce</strong>lui-ci<br />
était déjà fêlé, comme be<strong>au</strong>coup. Mais <strong>ce</strong>la requérait tout de même pas mal de for<strong>ce</strong>.<br />
Il partit débarrasser <strong>ce</strong> qui restait, puis, comme si de rien n’était, revint avec un nouve<strong>au</strong> plate<strong>au</strong> et un<br />
sourire étin<strong>ce</strong>lant.<br />
Avant que Katerina ait le temps de le jeter, il s’assit et reprit :<br />
— Je disais donc que personne ne pourrait t’acheter, Katerina. Et comme je suis fou amoureux de toi,<br />
je voyais plutôt <strong>ce</strong>ci comme un hommage que comme une grossière tentative de corruption.<br />
Celui-là, on lui avait trempé la langue dans le miel quand il était petit, comme disent les indiens<br />
Shoshones. C’était habilement joué.<br />
Katerina le regarda, sur ses gardes.<br />
— Un hommage ne v<strong>au</strong>t pas cinquante mille dollars, lâcha-t-elle. Une attention, c’est un bouquet de<br />
fleurs, un dîner, un ciné. Pas cinquante mille dollars.<br />
Vu la façon dont elle le répétait, le chiffre paraissait gravé dans sa tête <strong>au</strong> fer rouge.<br />
Il lui prit la main. Elle tressaillit <strong>au</strong> contact de son épiderme plus ch<strong>au</strong>d que <strong>ce</strong>lui des humains. Il le<br />
vit et recula, puis sa voix prit de l’ampleur comme <strong>ce</strong>lle d’un acteur.<br />
— Tu ne comprends pas, Kat. Tu es mon soleil et ma lune. Tu es l’espoir qui brille dans les yeux des<br />
prisonniers, tu es l’oise<strong>au</strong> qui vole dans le ciel. Tu es ma respiration et les battements de mon cœur.<br />
Depuis que je t’ai vue, je n’ai ni repos ni songe. Je ne vis que pour toi, je ne pense qu’à toi. Nulle<br />
extravagan<strong>ce</strong> ne me semblera trop extravagante, nulle folie ne me semblera assez folle s’il s’agit de te<br />
conquérir. Si j’étais un chevalier, je défierais tous <strong>ce</strong>ux qui s’opposeraient à moi, si j’étais un dragon, je<br />
t’enlèverais comme le plus précieux des trésors.<br />
Il s’agenouilla devant elle.<br />
— Katerina O’Hara, veux-tu m’aimer et me pardonner ?<br />
Tout le monde appl<strong>au</strong>dit s<strong>au</strong>f Jackie qui les foudroya du regard, entourée de sa petite cour de filles.<br />
Katerina, le rouge <strong>au</strong>x joues, horriblement gênée d’être le <strong>ce</strong>ntre de l’attention, était en train de se<br />
radoucir.<br />
Ce n’était pas le lieu. Ce n’était pas le moment. Chuck était à côté de moi. J’allais la perdre et la<br />
condamner à mort. Je ne pouvais pas lui avouer mon amour. Les Brandkel étaient en opposition ouverte<br />
avec grand-père. Tyler n’avait apparemment pas les mêmes consignes que moi, ou alors il les enfreignait<br />
sans vergogne. Il mettait la vie de Katerina en danger et il s’en fichait.<br />
J’allais devoir m’en débarrasser avant qu’il ne commette l’irréparable.<br />
Je serrai les dents à m’en faire saigner les gencives.<br />
Puis je me levai.<br />
Chuck jeta un regard surpris vers moi. Je n’avais quasiment pas mangé. Mais je tirai sur sa laisse et il<br />
fut bien obligé de se remettre sur ses pattes. Il posa une prunelle malveillante sur Tyler et me suivit.