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Chapitre 23Le loup sans visage<br />

— Lâchez-moi ! cracha Katerina furieuse. Mais lâchez-moi à la fin !<br />

Les deux gardes étaient des jume<strong>au</strong>x, <strong>ce</strong> qui n’était pas si rare chez les loups-garous. Immenses,<br />

presque <strong>au</strong>ssi grands que mon grand-père, bizarrement ils avaient le crâne rasé et étaient vêtus de coûteux<br />

costumes noirs sans cravate. L’un des deux eut un sourire cruel et serra plus fort. Katerina gémit. J’allais<br />

intervenir lorsque grand-père me mit la main sur l’ép<strong>au</strong>le, me clouant à mon f<strong>au</strong>teuil.<br />

— Karl ! lui dit froidement l’homme à la cicatri<strong>ce</strong>, mes gardes et moi avons trouvé <strong>ce</strong>tte humaine en<br />

train de nous espionner alors que je faisais une petite promenade digestive. Est-<strong>ce</strong> encore l’un de tes<br />

tours ?<br />

Je reconnus soudain <strong>ce</strong>lui qui nous faisait fa<strong>ce</strong>. Louis Brandkel. Il était <strong>au</strong>ssi gros que grand-père. Je<br />

le savais plus jeune d’une dizaine d’années, <strong>ce</strong> qui pour des loups ne voulait pas dire grand-chose. Son<br />

visage était be<strong>au</strong> du côté intact, une ruine monstrueuse du côté brûlé. La fille qu’il avait attaquée ne<br />

l’avait pas raté. Aucune opération ne pourrait jamais réparer les dégâts. Pourtant, il ne s’en cachait pas. Il<br />

arborait sa cicatri<strong>ce</strong> comme une glorieuse décoration, profitant également du malaise qu’elle provoquait.<br />

Je l’avais déjà vu lors des grands rassemblements de printemps, mais j’avais cru qu’il était borgne.<br />

Malheureusement, le feu n’avait pas touché son œil, même si sa p<strong>au</strong>pière était détruite. Dommage. Un œil<br />

aveugle l’<strong>au</strong>rait affaibli fa<strong>ce</strong> à un adversaire.<br />

Grand-père sourit aimablement.<br />

— Je crois que vous pouvez lâcher votre prisonnière, inutile de lui faire mal.<br />

Brandkel le dévisagea puis fit signe à ses gardes.<br />

— Jim, Jim, lâchez-la.<br />

Ses deux gardes avaient le même nom ? Intéressant. Ceux-ci obéirent, mais je vis bien que <strong>ce</strong>la ne<br />

plaisait pas à <strong>ce</strong>lui qui avait fait mal à Katerina. Cet homme aimait la douleur. On lui retirait son jouet. Il<br />

n’était pas content.<br />

— Merci messieurs, patelina mon grand-père. Alors, mademoiselle O’Hara, que nous v<strong>au</strong>t le plaisir<br />

de votre visite... inattendue ?<br />

— Je suis venue voir mon père, cracha Katerina, venimeuse en se frottant les poignets. Et <strong>ce</strong>s... <strong>ce</strong>s<br />

types m’ont attrapée comme si j’étais une espionne. Je cherchais simplement à entrer dans votre espè<strong>ce</strong><br />

de forteresse.<br />

— Il <strong>au</strong>rait suffi de demander, répondit grand-père. Nous vous <strong>au</strong>rions accueillie avec plaisir.<br />

— Ce n’est pas <strong>ce</strong> que m’a dit Indiana, gronda-t-elle, nullement impressionnée par sa politesse. Et vu<br />

les manières de vos gardes, je commen<strong>ce</strong> un peu mieux à comprendre pourquoi il a peur.<br />

Je retins la réplique qui me brûlait les lèvres. Brandkel braqua son attention sur moi, réalisant que<br />

j’étais dans la piè<strong>ce</strong>. Il sourit et <strong>ce</strong> n’était pas be<strong>au</strong> à voir.<br />

— Indiana, me salua-t-il, je n’ai pas pu te remercier fa<strong>ce</strong> à fa<strong>ce</strong> pour <strong>ce</strong> que tu as fait pour mon fils.

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