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La maison était fraîchement repeinte, son toit d’ardoises, refait, luisant en dépit du crépuscule. L’allée
était blanche, gravillonnée, éclairée par des torches de fer noir disséminées tous les mètres. Une tranchée
dans la pelouse cachait les fils électriques. Le gazon était impeccable et des buissons de fleurs avaient
été plantés tout autour. Il y avait des meubles de jardin et une clôture de bois blanc. La transformation
était totale, comme dans ces émissions de télé-réalité où des gens refont la déco d’une maison en
quelques jours.
Ou alors son père avant engagé un sorcier super doué.
— Ça par exemple ! m’exclamai-je. Mais...
Katerina opina de la tête et sembla le regretter.
— Ouille ! ma pauvre tête (elle me fit le fantôme d’un sourire). Oui, je sais, ça fait un choc. Il a engagé
une équipe qui a repeint tout en trois jours, intérieur et extérieur. Des jardiniers sont venus s’occuper des
plantes et ont posé une balancelle. Le toit a été réparé et il a refait toute ma chambre. Ils ont livré les
nouveaux meubles hier.
Je pouvais sentir l’angoisse dans sa voix. Chuck fronça les sourcils.
— Et pourquoi ça ne te fait pas plaisir ?
— Parce que cet argent, c’est celui de Tyler. Que je n’arriverai jamais à le rembourser maintenant. Et
que s’il continue, mon père va finir par tout dépenser en moins de deux semaines.
Chuck, comme tous les loups, était pragmatique.
— Au moins, ta maison est nickel. Et Tyler ne t’a pas demandé de le rembourser, tant pis pour cet
imbécile !
Katerina avait trop mal à la tête pour se mettre en colère. Ou alors en l’assommant, Loly la louve
avait gommé son entêtement habituel car elle se contenta de soupirer en ouvrant la portière.
Chuck resta dans la voiture, respectant notre intimité, par on ne sait quel miracle dont je décidai de
remercier Dieu à genoux. Enfin plus tard.
Là, je raccompagnai Katerina le long de l’allée illuminée. Sa peau blanche resplendissait sous le
flamboiement des torches et ses yeux vert-gris devenaient noirs sous la lune montante. La balancelle
oscillait doucement, la maison paraissait accueillante et pimpante avec sa nouvelle couche de peinture.
L’automne était déjà bien entamé, les grillons s’étaient tus et on sentait dans l’air trop froid la mélancolie
des jours enfuis.
C’était une conspiration contre moi, la nature créait un cadre enchanteur et romantique. La lune n’était
pas pleine, mais pas loin, baignant tout de sa perfection argentée.
Pour le bien de Katerina, je devais résister, absolument.
Elle se retourna vers moi, plongea ses yeux magnifiques dans les miens et dit :
— Je t’aime, je t’aimerai et mourrais pour toi.
Enfin, c’est ce que j’aurais voulu entendre. Au lieu de cela, elle prononça une phrase très étrange.