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— INDIANA ! cria-t-il en me faisant sursauter. INDIANA TELLER !
Puis il s’effondra dans l’herbe trop haute et se mit à hurler de rire.
Katerina aussi avait les yeux pleins de larmes. Elle referma brutalement la portière de la voiture.
Je hochai la tête, saluai vaguement l’ivrogne et filai.
Le grondement du moteur n’aidait pas à la conversation. Karerina était murée dans un mutisme que je
ne brisai pas.
— Tyler m’a demandé de sortir avec lui, finit-elle par m’annoncer.
Je pilai net au milieu de la route. Heureusement, il n’y avait personne derrière. Maîtrisant la rage qui
m’envahissait, je conduisis la voiture sur le bas-côté.
— Quand ?
— On va être en retard.
Je serrai le volant tellement fort qu’il craqua.
— Quand ?
— Hier. Il est passé à la maison.
J’allais écraser ce salopard comme une mouche.
— Qu’est-ce que tu vas faire ?
Elle avait un regard tourmenté.
— Je ne peux pas avoir de petit copain.
Cela me pétrifia. Même si je ne lui avais jamais fait aucune avance, sa déclaration me fit mal.
— Ah bon, finis-je par articuler la gorge serrée, et pourquoi ?
— Parce que c’est un piège. Tu tombes amoureuse, tu délaisses tes études, tu tombes en cloque et c’est
la fin de ta vie. Des milliers de filles terminent comme ça chaque année. Je ne deviendrai pas une
statistique. Hors de question. Mais c’est la seconde partie de sa déclaration que je ne comprends pas.
Son ton était tellement bizarre que je la regardai au-delà de la rage qui m’aveuglait.
— Que se passe-t-il ?
— Il a proposé autre chose, murmura-t-elle.
Le pire me vint immédiatement à l’esprit et j’eus envie de hurler, comme un loup. Prudent, je gardai le
silence.
— Il veut payer mes études, souffla-t-elle encore plus bas. Rembourser mon prêt. Nous arrivons à
vivre, mais tout juste. C’est... ça nous pèse. Tout le temps. Avoir assez d’argent. Payer les médicaments
de mon père, la nourriture.