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C’était une photo. On reconnaissait bien mon visage en dépit de la fille blonde qui se v<strong>au</strong>trait sur moi,<br />
le dos nu.<br />
Serafina.<br />
— C’est Chuck, murmurai-je, comprenant enfin. Je vais le tuer.<br />
Il avait envoyé le premier SMS lorsque je lui avais donné mon téléphone pour qu’il prévienne<br />
Katerina de mon départ. Et la seconde fois, chez mes grands-parents. Chuck me l’avait volé, raison pour<br />
laquelle je ne le trouvais plus, avait pris et envoyé une photo, effacé l’envoi, puis remis le téléphone en<br />
bas de la commode pour que je croie qu’il avait glissé.<br />
— Quoi ? s’énerva Katerina. Oh, après tout, je m’en fiche. Va-t’en, Indiana, je... je croyais que tu étais<br />
mon ami, mais... mais je me suis trompée.<br />
Elle allait tourner des talons et m’effa<strong>ce</strong>r de sa vie. J’agis si vite qu’elle s’immobilisa, choquée.<br />
J’avais bondi, attrapé la porte puis je l’avais claquée pour l’empêcher de rentrer dans sa maison.<br />
— Pousse-toi, dit-elle d’une voix basse et menaçante.<br />
Je me penchai pour la toucher et elle recula.<br />
— Alors écoute-moi bien, dis-je calmement. Le SMS que tu as reçu a été envoyé par Chuck. Je lui<br />
avais confié mon téléphone afin qu’il te prévienne que ma mère était gravement malade et que je devais<br />
partir. Et la photo que tu as reçue était également de Chuck. Lui et Serafina ont dû préparer <strong>ce</strong>tte petite<br />
comédie. Je me disais <strong>au</strong>ssi que c’était bizarre, quand elle m’a embrassé j’ai entendu un déclic. Il m’avait<br />
pris en photo. Avec mon propre téléphone.<br />
— Je m’en fiche, Indiana, tu... avais l’air de bien t’amuser.<br />
— C’était un piège. Serafina m’a embrassé et je l’ai repoussée. Et elle n’est pas nue. Elle a un dos nu,<br />
mais <strong>ce</strong> bâtard a cadré pour que <strong>ce</strong>la ne se voie pas. Cependant si tu agrandis un peu l’image, tu peux voir<br />
les attaches de son h<strong>au</strong>t, sous ses cheveux.<br />
Elle ne regarda pas le téléphone, encore trop furieuse.<br />
— Après tout, tu n’es pas mon petit ami, alors tu peux faire <strong>ce</strong> que tu veux.<br />
J’allais pointer du doigt sa contradiction mais je me retins. Si je pouvais faire <strong>ce</strong> que je voulais,<br />
pourquoi était-elle tellement en colère contre moi ? Mais vivre avec les louves m’avait depuis longtemps<br />
appris à ne jamais, jamais contrarier une fille en colère. Surtout, à l’époque, une fille capable de vous<br />
décapiter d’un seul coup de griffe.<br />
— Serafina est la pire gar<strong>ce</strong> qui existe, Katerina. Elle a fait de mon adoles<strong>ce</strong>n<strong>ce</strong> un enfer. Et elle m’en<br />
veut terriblement d’être à l’université alors qu’elle est coincée <strong>au</strong> ranch. Crois-moi, elle ne voit en moi<br />
qu’un moyen, <strong>ce</strong>rtainement pas une fin.<br />
Elle me dévisagea. Au moins, elle n’essayait plus de s’enfuir, c’était déjà une bonne chose.<br />
— Pourquoi ? me renvoya-t-elle. Pourquoi Chuck ferait-il un truc <strong>au</strong>ssi dégueulasse ?<br />
Par<strong>ce</strong> que c’est un abruti de loup-garou et qu’il a cru me protéger en m’éloignant de toi, lui répondisje<br />
mentalement.