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Soudain elle se tut et me regarda d’un air songeur.
Oh oh, je n’aimais pas du tout son regard.
— Quoi, m’exclamai-je, qu’est-ce qu’il y a ?
Elle hésita.
— Tu ne trouves pas que c’est quand même bizarre toute cette histoire ? Enfin, un échafaudage, ça ne
s’écroule pas comme ça ! Et surtout pas en se démantibulant de cette façon ! Une partie aurait dû rester
accrochée. Or tout est tombé.
Je cessai de respirer. Il fallait tout de suite que je l’engage dans une autre direction. Si Katerina
devenait soupçonneuse, elle serait plus attentive. Et le secret des loups serait en danger, tout autant
qu’elle. Heureusement Chuck avait dissimulé les poutrelles sous une bâche verte du chantier de
l’université. Sinon, les questions de Katerina auraient été bien plus précises.
— Oui, mais ça peut arriver, il suffit qu’il ait été mal fixé. Nous sommes sains et saufs, c’est le plus
important, non ?
— Indiana, les gens qui posent ces échafaudages ne sont pas des amateurs. L’université pourrait les
poursuivre pour négligence. Je suis sûre que ce n’est pas normal.
Aie aïe aïe.
— Tu crois que c’était volontaire ?
Elle n’hésita pas cette fois-ci.
— Oui.
— Qui voudrait en vouloir à la vie d’un pauvre étudiant comme moi ? ricanai-je. Katerina, tu regardes
trop de films d’espionnage. Je n’ai rien à cacher, personne ne gagnerait quoi que ce soit à me tuer, je n’ai
assisté à aucune scène compromettante dont je serais l’unique témoin et je n’ai quitté la maison de mes
grands-parents que pour venir ici. Alors tu vois, ma vie est d’une transparence totalement ennuyeuse.
— Tu m’as menti, dit-elle paisiblement. Pourquoi ?
Le silence devint soudain pesant dans la voiture. Je vis que Chuck serrait trop le volant et que le
plastique n’allait pas résister très longtemps. Il me jeta un coup d’œil et je vis la bête au fond de ses
pupilles avide de jaillir et de faire couler le sang. La voiture fit une embardée.
— Chuck !
— Oui, grogna-t-il.
— Détends-toi, tu vas finir par détraquer ma voiture, elle n’est pas si difficile à conduire quand
même !
Il souffla par le nez, puis libéra un peu le pauvre volant. Je me tournai vers Katerina.
— En quoi t’ai-je menti ?
— Quand on est allé chez toi, il y a quatre jours, j’ai réalisé tout à coup que je ne savais rien de toi. Tu