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Ce soir-là, il y eut plusieurs épreuves. Dont la première fut le smoking.<br />

Les loups-garous s’habillent, comme tout le monde. Mais le truc du garou qui déchire ses vêtements<br />

en se transformant, c’est n’importe quoi. Au contraire, il risque d’étouffer, car <strong>ce</strong>rtains tissus, surtout les<br />

jeans, sont faits pour supporter une grande pression. Donc, en été, tout le monde était en tenue légère. En<br />

hiver ils passaient leur temps à s’habiller et à se déshabiller. La nuit, pour dormir, personne ne mettait<br />

rien. Nous devions pouvoir réagir vite en cas d’in<strong>ce</strong>ndie ou d’attaque.<br />

J’avais pris les mêmes habitudes. Mes vêtements étaient souvent usés, toujours larges et<br />

m’<strong>au</strong>torisaient une grande liberté de mouvement. Lorsque j’ouvris la porte de ma chambre, je restai donc<br />

quelque peu stupide devant le magnifique smoking sur mon lit.<br />

Il était d’un noir profond. Il luisait légèrement. On <strong>au</strong>rait dit une arme.<br />

— Ça alors, balbutiai-je, mais qu’est-<strong>ce</strong> que...<br />

— C’est un smoking, fit une voix satisfaite derrière moi. Tu vas être magnifique, mon petit.<br />

C’était Nanny. Heureusement qu’elle était là, sinon je crois bien que je ne m’en serais jamais sorti. Je<br />

pris une douche et elle m’obligea à me laver les cheveux. Puis elle m’aida à m’habiller. Et c’est là que<br />

mon enfer commença.<br />

Au bout de dix minutes, la <strong>ce</strong>inture me serrait, le col dur m’étranglait, les ch<strong>au</strong>ssures écrasaient mes<br />

pieds et j’avais l’impression que le nœud papillon avait comme unique fonction de martyriser ma pomme<br />

d’Adam.<br />

Nanny me donna une tape sur la main lorsque je tentai de dégager un peu mon cou.<br />

— Tu es superbe, arrête de gigoter. Et tiens.<br />

Elle me tendit un truc dans une boîte en plastique. Une orchidée.<br />

— Mais où est-<strong>ce</strong> que tu veux que je mette ça ? articulai-je avec horreur.<br />

— Ce n’est pas pour toi, grand bêta, sourit-elle, c’est pour ta cavalière. J’ai entendu dire que son<br />

Altesse Serafina daigne venir <strong>au</strong> bal avec toi ?<br />

Une note a<strong>ce</strong>rbe flottait dans sa voix. Nanny n’aimait pas be<strong>au</strong>coup Serafina, du diable si je savais<br />

pourquoi.<br />

— Euh, oui.<br />

— Alors <strong>ce</strong> sera sans doute la seule chose simple et <strong>au</strong>thentique qu’elle <strong>au</strong>ra sur elle <strong>ce</strong> soir.<br />

Waaah, quand Nanny mordait, elle y allait de bon cœur.<br />

Je n’avais pas de montre, mais l’horloge du manoir sonnait huit heures. Sanglé dans mon smoking,<br />

j’allai jusqu’à la maison de Serafina et restai bouche bée pour la troisième fois de la journée.<br />

Elle était simplement magnifique. Je lui donnai son bra<strong>ce</strong>let de fleur, incapable d’articuler un mot.<br />

Elle le prit puis tournoya sur elle-même, riant de plaisir devant moi.<br />

— Alors, ça te plaît ?

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