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— Je viens de remettre le reste de mes vêtements dans la voiture : avec la graisse dont je me suis<br />
enduit, inutile que je les bousille. Je me changerai en loup dès que vous <strong>au</strong>rez été soignés, Katerina et toi.<br />
Tu me donneras les clefs, je viendrai récupérer ta voiture et je passerai te chercher.<br />
Une vague de panique me saisit à l’idée d’un loup <strong>au</strong> volant de ma voiture mais je n’eus pas le temps<br />
de protester que mon portable sonnait. C’était Nanny. Elle était totalement affolée. Je passai quelques<br />
minutes à la rassurer, puis un bip m’avertit qu’on cherchait à me joindre.<br />
C’était grand-père.<br />
— Je viens de re<strong>ce</strong>voir l’appel le plus bizarre de ma vie, gronda sa voix de tonnerre. Brandkel vient<br />
de me remercier par<strong>ce</strong> que tu as s<strong>au</strong>vé la vie de son fils. Qu’est-<strong>ce</strong> que tu as encore fait, Indiana ?<br />
— En fait, c’est lui qui m’a s<strong>au</strong>vé, grand-père, répondis-je, surpris de voir que mes genoux tremblaient<br />
d’un seul coup. Un échaf<strong>au</strong>dage m’est tombé dessus.<br />
Il retint sa respiration et je continuai très vite.<br />
— Je n’ai rien, juste des écorchures. Chuck a joué les Atlas, et à déf<strong>au</strong>t du monde, il a soulevé<br />
quelques tonnes de ferraille pour nous sortir de là. Nous allons bien.<br />
— Vous avez une tempête à Missoula ? dit-il d’un ton surpris, après avoir digéré la nouvelle.<br />
— Euh non, pourquoi ?<br />
— Il n’y a pas de vent ? insista-t-il.<br />
— Pas un gramme, il fait un temps superbe. Oh !<br />
Je venais tout à coup de réaliser pourquoi il me posait la question.<br />
— Tu as cru que l’échaf<strong>au</strong>dage s’était décroché à c<strong>au</strong>se du vent, c’est ça ?<br />
Grand-père soupira.<br />
— J’<strong>au</strong>rais préféré. Raconte-moi tout.<br />
Ce fut bref, il n’y avait pas grand-chose à dire.<br />
Je ne lui parlai pas de mon don. C’était quelque chose qui m’appartenait, enfin, juste à moi. Et surtout,<br />
je n’avais pas du tout envie de me retrouver dans une petite cage, prisonnier, à ânonner une litanie de<br />
mots sans fin.<br />
Je ne parlai pas non plus de Katerina. Et de <strong>ce</strong> qu’avait voulu faire Brandkel.<br />
Je dus mentir suffisamment bien, par<strong>ce</strong> que mon grand-père ne réagit pas.<br />
— Vous êtes donc tous sains et s<strong>au</strong>fs, grogna-t-il, c’est le principal. Tu peux me passer Chuck, s’il te<br />
plaît ?<br />
J’obéis, un peu surpris, car Chuck avait son propre portable. Puis me souvins que <strong>ce</strong>lui-ci devait être<br />
avec ses vêtements dans la voiture.<br />
Mais comment grand-père le savait-il ?