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n’avions plus de temps à perdre.<br />
Plongeant mon regard dans <strong>ce</strong>lui de Chuck, j’opinai de la tête. Il se passa la langue sur ses lèvres<br />
sèches. Il était prêt.<br />
Il souleva les deux poutres et je criai.<br />
— Arrête, arrête !<br />
Tout l’ensemble était en train de glisser droit sur nous. Nous allions être broyés. Il obéit<br />
instantanément et le tout s’arrêta avec un grin<strong>ce</strong>ment torturé. J’essuyai la sueur sur mon front, tétanisé.<br />
Mais à part un bruit de métal de temps en temps et le travail des loups dehors, <strong>ce</strong>la ne bougeait plus.<br />
— Chuck, il va falloir faire plus dou<strong>ce</strong>ment, OK ? Tu soulèves d’abord la poutre à droite. Je retire<br />
<strong>ce</strong>lle qui transper<strong>ce</strong> l’abdomen de Tyler, ensuite on l’utilise pour caler <strong>ce</strong>lle que tu tiens. Puis on soulève<br />
la deuxième qui lui transper<strong>ce</strong> l’ép<strong>au</strong>le et enfin on s’occupe de sa jambe, OK ?<br />
Chuck transpirait <strong>au</strong>ssi abondamment que moi. Et il y avait une telle panique dans son regard !<br />
— OK. J’y vais.<br />
Très préc<strong>au</strong>tionneusement, il souleva l’étai. Il se figea lorsque le métal grinça et bougea, mais rien ne<br />
s’écroula.<br />
Petit à petit, il dégagea les étais bloquant la poutre qui clouait Tyler à terre. Je voyais son visage se<br />
crisper de douleur <strong>au</strong> fur et à mesure que le poids d’une partie de l’ensemble reposait sur ses ép<strong>au</strong>les.<br />
Mais la poutre fut enfin libre, je pouvais la retirer du corps de Tyler.<br />
— Fais vite, haleta Chuck.<br />
J’étais prêt. Je ne pouvais pas me redresser, mais j’attrapai la poutre et commençai à tirer comme un<br />
fou.<br />
S’il y eut un moment dans ma vie où je regrettai vraiment de ne pas avoir la puissan<strong>ce</strong> d’un loup, <strong>ce</strong><br />
fut <strong>ce</strong> jour-là. La poutrelle avait déjà été intégrée par l’organisme de Tyler, qui se refermait dessus. Elle<br />
refusait de bouger, totalement bloquée. J’insistai, imprimant un mouvement circulaire afin de dégager<br />
l’acier. La douleur fut telle qu’elle le sortit de son coma.<br />
Les yeux vitreux, Tyler me regarda.<br />
— Qu’est-<strong>ce</strong> que.<br />
— Tu as été blessé, Tyler, soufflai-je en continuant à tirer. Ta chair se referme sur la poutre qui est en<br />
train de te tuer, je dois la retirer. Bordel, je n’y arrive pas !<br />
Il grimaça.<br />
— Mal. J’ai mal.<br />
Je sentais ma gorge se serrer. Ce garçon n’était pas mon ami et je le détestais, mais c’était horrible de<br />
mourir comme ça.<br />
Il mit sa main pleine de sang sur la poutrelle, juste en dessous de la mienne et dit :