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Chapitre 3 :Axel<br />
C’est bizarre l’amitié. On ne sait jamais si on va devenir copain avec quelqu’un <strong>au</strong> premier regard.<br />
C’est sûr que <strong>ce</strong>lui que j’ai jeté sur Axel <strong>au</strong>rait poussé n’importe qui à s’enfuir en hurlant. je devais avoir<br />
treize ans. C’était juste après que je m’étais fait copieusement tabasser. Pour un gamin plein de<br />
testostérones, vivre <strong>au</strong> milieu des loups, croyez-moi, c’est nul.<br />
Nous étions une bande d’une trentaine d’enfants. Mais seule une dizaine avait à peu près le même âge<br />
que moi. Ils étaient tous loups et louves, progéniture chérie de leurs parents. J’étais le seul « différent ».<br />
Celui qu’ils ne voulaient pas prendre dans leurs jeux par<strong>ce</strong> qu’il est trop lent et trop balourd. Et, bien<br />
qu’étant le petit-fils du Seigneur des Loups, pour eux je n’étais qu’un bâtard, un idiot d’humain. Les<br />
enfants sont cruels et insouciants. Ils ne m’ont pas épargné.<br />
J’avais fini par comprendre pourquoi Nanny les éloignait de moi lorsque nous étions enfants et qu’ils<br />
se métamorphosaient. Même s’il était extrêmement rare que les jeunes loups soient contagieux, le poison<br />
du changement n’arrivant que plus tard dans leur salive, elle ne pouvait courir le risque qu’ils me<br />
mordent et me transforment en semi.<br />
Ils étaient tellement plus forts que moi, tellement plus rapides, qu’il était inutile de tenter de rivaliser.<br />
Mais bon, tous les gamins veulent décrocher la lune et je ne faisais pas ex<strong>ce</strong>ption à la règle. Je voulais<br />
être l’un des leurs. Je voulais briller. Je m’entraînais comme un dingue. Tous les jours, je courais pendant<br />
des kilomètres, me levant tôt le matin, arrivant épuisé à l’école. Je travaillais mes réflexes <strong>au</strong> point qu’ils<br />
devinrent raisonnablement rapides, pour un humain. Je me mis à la musculation ; tous les jours je<br />
soulevais des poids.<br />
Cela ne servait à rien. Ils étaient toujours plus forts. Je n’abandonnai pas, mais compris assez vite que<br />
le seul endroit où je pouvais tous les battre à plate couture, c’était en cours. Nous avions notre propre<br />
école, évidemment. Pas question pour des enfants qui deviennent poilus à la moindre provocation de<br />
fréquenter des humains. Jusqu’à présent, fou de rage contre le monde entier, je refusais les études, je<br />
désobéissais dès que je le pouvais et me comportais <strong>au</strong>ssi odieusement que possible. La première fois<br />
que je bossai réellement mon cours de math, le seul que j’aimais bien, j’eus une bonne note. Cela surprit<br />
notre professeure, mais elle m’encouragea. Les <strong>au</strong>tres grognèrent et crurent que c’était un coup de bol. Ou<br />
que j’avais triché. Intrigué par leur réaction, je travaillai toutes les <strong>au</strong>tres matières. Lorsque mes notes<br />
remontèrent, puis que je passai en tête de classe, les choses changèrent. Je répondais avant eux. Je les<br />
surclassais intellectuellement <strong>au</strong>tant qu’ils me surclassaient physiquement.<br />
Cela les agaça qu’un humain soit meilleur qu’eux. Ils <strong>au</strong>raient pu entrer en compétition avec moi,<br />
tenter de me battre. Mais ça demandait un peu d’effort. Alors ils choisirent la voie facile.<br />
Ils me flanquèrent une raclée.<br />
Et je m’enfuis.<br />
Je pris un quad. Nous en avions quelques-uns, en plus de tous les véhicules utilitaires des ouvriers.