Livre - Stop Gavage
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18. La négation a priori de la souffrance animale<br />
La difficulté à comprendre la conscience ne résulte pas d’une lacune parmi tant d’autres de notre<br />
savoir, de celles qui seront progressivement comblées par le progrès ordinaire de la science, en restant à<br />
l’intérieur du « paradigme » aujourd’hui dominant. Le problème est que ce paradigme ne peut pas intégrer<br />
la sensibilité, elle n’y a pas de place, ou seulement comme épiphénomène :<br />
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David Olivier et Estiva Reus, « La science et la négation de la conscience animale 4 », Cahiers antispécistes, numéro 26,<br />
novembre 2005, pages 29 et 47<br />
Le fait que nous ne disposions pas aujourd’hui d’une théorie de la sensibilité ne nous prive pas de notre<br />
aptitude à formuler des hypothèses sur la sensibilité d’autrui – sur la base d’indicateurs auxquels nous<br />
accordons une certaine crédibilité. C’est ce que nous faisons chaque fois que nous prenons des décisions<br />
affectant des tiers : nous le faisons avec la conviction que notre évaluation de cette subjectivité qui nous<br />
est extérieure a une certaine validité. Nous croyons – nos actes quotidiens en sont la preuve – que nous<br />
faisons mieux en nous fiant à ce que nous devinons du ressenti des autres qu’en prenant des décisions de<br />
façon aléatoire, comme si nous n’avions réellement aucun accès à la subjectivité d’autrui.<br />
Les interrogations sur l’énigme de la conscience ou sur la difficulté à évaluer correctement des émotions<br />
que nous n’éprouvons pas nous-mêmes n’en demeurent pas moins légitimes, tant qu’elles ne font que<br />
pointer notre incapacité actuelle à conceptualiser le phénomène de la sensibilité de façon générale.<br />
Mais il y a aussi un usage partisan de ces interrogations : celui qui consiste à faire comme si ce<br />
questionnement surgissait uniquement à propos de la sensibilité animale. Partant du constat (vrai) qu’en<br />
son état actuel la science appréhende mal le phénomène de la conscience, on glisse vers l’affirmation que<br />
la sensibilité animale est inconnaissable, ou que la question de la vie mentale des animaux est dénuée de<br />
sens, ou qu’elle ne relève pas du domaine de la science, pour en arriver insidieusement à suggérer que<br />
l’existence même de cette sensibilité est douteuse. L’usage partisan de la difficulté épistémologique (réelle)<br />
à appréhender la sensibilité dans les sciences consiste à s’en servir pour nier la sensibilité d’un ensemble<br />
particulier « d’autruis » : ceux qui n’appartiennent pas à notre espèce.<br />
Le constat de cette dérive apparaît dans l’article précité, accompagné d’une proposition (la Déclaration<br />
sur la sensibilité) qui aiderait à mettre fin à l’usage partial des « inquiétudes épistémologiques » :<br />
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David Olivier et Estiva Reus, « La science et la négation de la conscience animale », op. cit., pages 47 et 50<br />
C’est précisément en faisant un usage partial de la difficulté des sciences à appréhender le phénomène<br />
de la conscience que les chercheurs de l’INRA tentent de jeter le doute sur la possibilité de connaître<br />
4. http://cahiers-antispecistes.org/article.php3?id_article=283.<br />
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