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L'Afrique solidaire et entrepreneuriale La renaissance du ...

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Tout d’abord, le secteur coopératif en Afrique fut intro<strong>du</strong>it par des agencesextérieures, au premier rang desquelles les autorités coloniales. Les coopérativesfurent donc souvent perçues comme des institutions étrangères, dans presqu<strong>et</strong>ous les territoires. Les Britanniques, les Français, les Portugais, les Espagnols,les Allemands <strong>et</strong> les Belges apportèrent à leurs colonies respectives leur visiondes coopératives. Outre leur représentation <strong>du</strong> rôle de ces structures dans unenvironnement colonial, ils intro<strong>du</strong>isirent des mécanismes pour stimuler ledéveloppement coopératif, notamment des cadres juridiques, des programmesincitatifs <strong>et</strong> des systèmes de financement. Ces initiatives donnèrent le ton audéveloppement coopératif en Afrique. Le secteur coopératif ne fut donc pas larésultante d’un mouvement local ou spontané mais celle de pratiques colonialesdans la sphère socio-économique. Par conséquent, il n’eut dès le départ quepeu de liens, voire aucun, avec les systèmes pré-coloniaux, «traditionnels» ouendogènes existants en matière de solidarité ou d’économie, <strong>et</strong> cela bien quede tels systèmes subsistent, jusqu’à aujourd’hui encore, dans tous les paysconcernés. Une documentation abondante montre en eff<strong>et</strong> que l’idir en Ethiopie,les tontines au Cameroun <strong>et</strong> dans d’autres régions d’Afrique de l’Ouest, lesstokvels en Afrique <strong>du</strong> Sud, les groupes de partage <strong>du</strong> travail <strong>et</strong> les sociétésfunéraires de la plupart des pays impliquent toujours largement la population.Contrairement aux formes modernes de coopération <strong>et</strong> de mutualisme, cessystèmes endogènes ne possèdent pas de mécanismes intégrés d’expansion oude croissance <strong>et</strong> sont – dans la plupart des cas – mobilisés sur une base ad hocou accidentelle. Il est également remarquable que dans les pays n’ayant pasconnu de longues périodes de colonialisme ou non soumis au régime colonialcomme l’Ethiopie ou le Liberia, le «coopérativisme moderne» ne soit pas issude ces systèmes locaux mais de politiques délibérées des autorités inspiréesdes expériences internationales en matière de développement coopératif.Nous savons aujourd’hui que les coopératives «modernes» sont d’autant plusprospères qu’elles s’appuient sur des normes <strong>et</strong> des valeurs en accord aveccelles inhérentes aux systèmes pré-existants ou parallèles (même si, sur un planinstitutionnel, il n’y pas de liens entre les unes <strong>et</strong> les autres). Il est donc primordialde comprendre comment les coopératives ont été intro<strong>du</strong>ites, sur quellephilosophie elles s’appuyaient <strong>et</strong> comment cela était relié au comportementcoopératif, tant social qu’économique, observé dans la région.Deuxièmement, le développement coopératif est largement influencé par ce queles économistes <strong>et</strong> autres spécialistes des sciences sociales appellent la «pathdependency», terme anglophone que l’on pourrait tra<strong>du</strong>ire par la «dépendanceau chemin parcouru». Les conditions antérieures <strong>et</strong> les choix ou décisions passésdéterminent le chemin qu’il emprunte. Les institutions demeurent <strong>et</strong> il estdifficile de s’en défaire même si elles sont notoirement anachroniques ou, pireencore, font obstacle à de nouveaux choix ou décisions. Cela apparaît évident,2 L’AFRIQUE SOLIDAIRE ET ENTREPRENEURIALE

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