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L'Afrique solidaire et entrepreneuriale La renaissance du ...

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Quatrièmement, les coopératives furent utilisées en tant qu’instruments decontrôle social. Le sort qui leur fut réservé à c<strong>et</strong> égard ressemblait beaucoupà ce que Korovkin (1990) appelait l’inclusion politique ou l’incorporation parcooptation des secteurs populaires dans des organisations fonctionnellescontrôlées par l’Etat. De nombreux pays adoptèrent diverses mesures politiquesstratégiques pour discipliner le mouvement coopératif : cooptation de sesdirigeants par le système politique, utilisation <strong>du</strong> mouvement comme pourvoyeurde parrainage, interdiction des mouvements coopératifs concurrents <strong>et</strong> desstructures faîtières de coopératives ou obligation pour ces structures de travailleren partenariat avec les autorités ou le parti dominant.Enfin, beaucoup de gouvernements des jeunes nations africaines essayèrentde diversifier le secteur coopératif, notamment en expérimentant différentesformes de pré-coopératives. Dans certains pays d’Afrique francophone, ces précoopérativesétaient enregistrées selon des procé<strong>du</strong>res simplifiées. Au Sénégal,par exemple, des associations d’intérêt rural (AIR) ou des groupes de pro<strong>du</strong>cteursfurent mis sur pied pour une période de deux ans. Ils étaient gérés par desfonctionnaires (Kibora, 2005). Les pays anglophones stimulèrent des sociétésà l’essai par un système d’enregistrement provisoire ou différé (Münkner,1989). En outre, de nombreux gouvernements favorisèrent les coopératives àbuts multiples <strong>et</strong> les coopératives de pro<strong>du</strong>cteurs établies sur base de propriétécommunale ou coopérative. S’inspirant de la tradition des mouvements sociaux,le régime de Mobutu lia le mouvement coopératif <strong>et</strong> mutuel au syndicat unique,l’Union nationale des travailleurs <strong>du</strong> Zaïre (UNTZa), lui-même satellite <strong>du</strong> partiunique, le Mouvement populaire de la révolution (Mahaniah, 1992).Les données recueillies par Desroche (1964) <strong>et</strong> Oriz<strong>et</strong> (1969) attestent que lesecteur coopératif s’étendit considérablement au début des années 1960. En1966, on estimait à plus de 7 300 le nombre de coopératives opérationnelles,soit plus de 1,8 million de personnes. Le mouvement coopératif connut un<strong>et</strong>rès forte expansion <strong>et</strong> bénéficia d’énormes ressources gouvernementales. EnOuganda, par exemple, Young (1981) rapporte un doublement <strong>du</strong> nombrede membres, un triplement <strong>du</strong> volume de coton traité <strong>et</strong> un chiffre d’affairestotal des coopératives, en 1965, supérieur de 30 pour cent au revenu total del’ensemble des autres administrations locales <strong>du</strong> pays. C<strong>et</strong>te époque fut souventcaricaturée comme une période de nationalisation <strong>du</strong> secteur coopératif.Toutefois, comme le fait remarquer Gyllström (1988) dans la description <strong>du</strong> caskenyan, les gouvernements ne disposèrent jamais de ressources suffisantes pourdévelopper un secteur coopératif qu’ils auraient contrôlé totalement. Gyllströmavance qu’«il ne s’agissait pas simplement d’un mode d’organisation imposé àune paysannerie passive. Très souvent, les paysans contribuèrent activement àl’établissement des coopératives. Bien que fortement défini par le gouvernment,LE DÉVELOPPEMENT COOPÉRATIF EN AFRIQUE JUSQU’AUX ANNÉES 199015

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