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internationaL<br />
LES ImPLICATIonS JurIDIQuES ET TECHnoLoGIQuES PoST SAFE HArbOUr<br />
Les conclusions de l'avocat général yves<br />
BoT dans l'affaire Schrems sont dans le<br />
droit fil de ce constat lorsqu'il note que les<br />
états-unis « n’offrent aucune protection<br />
réelle des données conservées sur le<br />
territoire [...] contre la surveillance de l’État.<br />
[...]." et que "l’existence d’une décision<br />
adoptée par la Commission européenne<br />
[...] n’a pas pour effet d’empêcher une<br />
autorité nationale de contrôle d’enquêter<br />
sur une plainte alléguant qu’un pays tiers<br />
n’assure pas un niveau de protection<br />
adéquat [...] et, le cas échéant, de<br />
suspendre le transfert de ces données ».<br />
Le principal reproche que fait l'avocat<br />
général à la commission européenne est<br />
de ne pas avoir suspendu l'application de<br />
la décision Safe Harbour alors même<br />
qu'elle avait constaté depuis novembre<br />
2013 qu' « il n'existe [...] aucune possibilité<br />
[...] pour les personnes concernées [...],<br />
d'obtenir l'accès, la rectification ou la<br />
suppression de données ou d'exercer des<br />
(6) CommunICATIon DE<br />
LA CommISSIon relative au<br />
fonctionnement de la sphère<br />
de sécurité du point de vue<br />
des citoyens de l'union et<br />
des entreprises établies sur<br />
son territoire, 27 novembre<br />
2013, Com(2013) 847 final.<br />
(7) Article 8 de la Charte :<br />
1. Toute personne a droit à<br />
la protection des données à<br />
caractère personnel la<br />
concernant.<br />
2. Ces données doivent être<br />
traitées loyalement, à des<br />
fins déterminées et sur la<br />
base du consentement de la<br />
personne concernée ou en<br />
vertu d’un autre fondement<br />
légitime prévu par la loi.<br />
Toute personne a le droit<br />
d’accéder aux données<br />
collectées la concernant et<br />
d’en obtenir la rectification.<br />
3. Le respect de ces règles<br />
est soumis au contrôle<br />
d’une autorité indépendante.<br />
voies de droit [...]<br />
dans le cadre des<br />
programmes de<br />
surveillance des États-<br />
Unis » 6 . L'avocat<br />
général évoque ainsi<br />
une « surveillance<br />
massive et non<br />
ciblée »,<br />
« disproportionnée par<br />
nature » qui constitue<br />
« une ingérence<br />
injustifiée dans les<br />
droits garantis » par la<br />
Charte des droits<br />
fondamentaux 7 .<br />
En conséquence, la Cour de Justice va<br />
effectivement trancher en défaveur de<br />
l'accord Safe Harbour, reprenant les<br />
motifs développés par l'avocat général:<br />
limitation injustifiée du pouvoir d'enquête<br />
des autorités de contrôle, ingérences<br />
disproportionnées dans la vie privée du<br />
fait de l'absence de différenciation ou de<br />
limite de la surveillance de masse,<br />
absence de voies de recours pour la<br />
personne concernée.<br />
Les conséquences à court terme de<br />
l'arrêt de la cJue<br />
renforcées par cet arrêt, les « CnIL »<br />
européennes<br />
(8) En référence au Groupe<br />
de travail institué par l'article<br />
29 de la directive 95/46/CE<br />
relative à la protection des<br />
personnes physiques à<br />
l'égard du traitement des<br />
données à caractère<br />
personnel et à la libre<br />
circulation de ces données.<br />
(9) http://ec.europa.eu/<br />
justice/dataprotection/article-29/pressmaterial/pressrelease/art29_press_material<br />
/2015/20151016_wp29_stat<br />
ement_on_schrems_judgem<br />
ent.pdf<br />
constaté.<br />
regroupées au sein<br />
du G29 8 ont posé un<br />
ultimatum, laissant<br />
des alternatives<br />
juridiques au Safe<br />
Harbour. un recours<br />
accru aux<br />
technologies de<br />
protection de<br />
données est<br />
un calendrier accéléré par le g29<br />
Le 16 octobre 2015, le G29 a publié<br />
une déclaration sur les conséquences de<br />
cet arrêt 9 , avec un ultimatum pour fin<br />
janvier 2016, estimant que puisque les<br />
transferts de données fondés sur le Safe<br />
Harbour étaient illégaux, en cas<br />
d'absence d'un nouveau cadre juridique<br />
satisfaisant à cette date, des actions<br />
répressives coordonnées seraient<br />
engagées 10 .<br />
4 e trimestre 2016 Revue de la Gendarmerie Nationale<br />
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