REVUE
revue256bd
revue256bd
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
droit<br />
un AuTrE ASPECT DE LA SéCurITé DES PErSonnES<br />
question de l’antiquité était de savoir qui<br />
gardera les gardes ? Celle de l’ère<br />
numérique sera de savoir qui gardera les<br />
algorithmes. Il appartient au législateur<br />
d’intervenir sur ces questions et de<br />
trouver un équilibre entre le secret des<br />
affaires et la protection de l’ordre public.<br />
notre société n’aura rien de bon à gagner<br />
en remettant son destin entre les mains<br />
de formules mathématiques secrètes.<br />
allons-nous vers la tyrannie des big data<br />
personnelles ?<br />
L’internet des objets permet la collecte<br />
permanente des données d'un individu et<br />
permet d’avoir une visibilité sur la durée.<br />
En matière de santé, cette connaissance<br />
est un progrès et permettra un traitement<br />
médical réellement adapté à chaque<br />
personne. Le suivi continu des données<br />
du patient sera le standard de demain. La<br />
prudence s’impose dès lors que nous ne<br />
mesurons pas toutes les conséquences<br />
de la publicisation de nos données<br />
personnelles dans ce domaine.<br />
outre les questions d’atteinte à la vie<br />
privée, gardons-nous de créer une<br />
fracture numérique entre les individus.<br />
Plus on aura d’ancienneté et donc de<br />
traçabilité dans les Big Data personnelles,<br />
plus la vie sera facile (si les dites données<br />
sont «bonnes» !). A l’inverse, la vie sera<br />
beaucoup plus difficile pour ceux qui<br />
n’auront pas de Big Data personnelles ou<br />
qui en auront de mauvaises, c'est-à-dire<br />
différentes de la norme attendue.<br />
Gardons-nous aussi d’utiliser ces<br />
données pour procéder à une sélection<br />
entre les individus. Dès lors que la<br />
connaissance sera accessible, n’allonsnous<br />
pas trier entre les individus à soigner<br />
ou à assurer ? une telle démarche est de<br />
nature à remettre en cause notre principe<br />
de mutualisation. Promouvoir un modèle<br />
économique permettant de ne<br />
sélectionner que les bons clients (qu’ils<br />
soient assurés ou patients) sera peut être<br />
profitable mais uniquement à court terme.<br />
Que se passera-t-il pour les mauvais<br />
clients ? A terme, c’est la cohésion<br />
sociale qui sera remise en cause avec des<br />
conséquences que l’on ne peut pas<br />
mesurer.<br />
Le numérique nous donne accès à une<br />
nouvelle connaissance et nous devons<br />
fixer de nouvelles règles qui intègrent<br />
absolument une dimension éthique dans<br />
l’utilisation desdites données.<br />
L’auteur<br />
Fabrice LORVO est avocat au Barreau de<br />
Paris, et associé du cabinet FTPA. Il intervient<br />
notamment en droit des médias, de la<br />
communication et des nouvelles<br />
technologies. Il est l’auteur de « Numérique :<br />
de la révolution au naufrage ? » chez<br />
www.fauves-editions.fr ( Avril 2016). Il est<br />
également chroniqueur sur France Culture<br />
pour l’émission « le Secret des sources ».<br />
4 e trimestre 2016 Revue de la Gendarmerie Nationale<br />
177