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Désolé j'ai ciné #12

Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney ! Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société. On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !

Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney !

Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société.

On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !

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Les visuels

Les thématiques

Visuellement, la Reine des Neiges a de quoi

faire valoir. En effet, le travail sur l’eau, liquide

ou figée, mérite d’être souligné mais relève

moins de l’esbroufe technique que d’une

recherche visuelle pour porter son œuvre

par des plans pouvant être catégorisés en

tant que Perfect Shot si le compte Twitter

du même nom n’était pas aussi aléatoire.

Cette imagerie porte le contenu du film

et offre quelques sommets visuellement

somptueux, telles les mains d’Anna envahies

par le froid. Tout en cherchant une animation

de mouvement réaliste, il s’en dégage une

poésie brute qui passe également par des

choix de luminosité permettant de souligner

le sentiment des personnages avec une

simplicité qui n’a d’égale que l’efficacité. La

mise en scène de Chris Buck et de Jennifer

Lee est du même acabit, notamment par le

découpage de l’attaque d’Elsa par des gardes

du Royaume. De quoi justifier les paillettes

que certains ont pu voir dans les yeux des

personnes qu’ils accompagnaient…

La narration

Certains se sont plaints d’une simplicité

dans la narration, justifiée par une certaine

épure appuyant le statut de conte du récit.

C’est néanmoins passer à côté de ce qui fait

l’une des forces de cette scénarisation : la

destruction de l’intérieur de certains tropes

récurrents du domaine. L’histoire d’amour

n’est ainsi qu’une façade pour raconter

comment deux femmes doivent s’affirmer en

tant qu’individus et s’aimer en tant que sœurs

pour trouver l’accomplissement. Le rôle du

prince charmant est détruit par la trahison

et l’ambition déshumanisante, tout cela pour

mieux appuyer cette annihilation du cliché

de l’amour au premier regard. Cela nourrit

le film ainsi que ses propos par l’ampleur

de l’histoire, alliant besoin de réhabilitation

globale et de réparation intime. La simplicité

d’apparence ne fait pas place à une histoire

simpliste mais riche en thématiques et en

significations.

“La Reine des Neiges” est un récit d’affirmation

de soi, d’individu avec ses propres failles et

ses propres trésors au milieu d’un système

écrasant socialement par la peur de la

différence, là où embrasser celle-ci amène à

une amélioration de la société. La place des

hommes dans l’histoire, surtout les contrepoints

sentimentaux d’Anna, souligne une

différence de figures masculines : une

toxique qui cherche à asseoir le pouvoir

par tous les moyens et une autre positive

à laquelle chacun peut tendre (culminant

dans la suite dans une chanson où il parle

de son questionnement amoureux, modèle

pour les jeunes garçons d’affirmer leurs

sentiments à l’encontre d’une image de

la masculinité écrasant cela). Il y a donc

quelque chose de fort qui s’en dégage, celle

d’une volonté d’être la personne que l’on

souhaite être et non celle que la société veut

que l’on devienne. Cela amène une forme

de nuance et surtout d’accomplissement

qui est finalement universel. Il n’est donc

guère étonnant que beaucoup se soient

retrouvés là-dedans ainsi que dans cette

relation entre sœurs qui aurait pu aller dans

l’émotionnellement abscons ou le cliché

facile pour mieux détourner le sentiment

amoureux vers quelque chose de familial

et d’intime, loin de la grandiloquence de la

figure du couple telle qu’amenée auparavant

par Disney.

Dès lors, un succès aussi fort est justifié et

relève tout autant du ciblage médiatique que

d’une réussite artistique qui touche encore

petits et grands. Alors que des remakes live

oubliables sortent des mêmes studios (cf

“Maléfique” qui reprendra le baiser familial

en l’amenant très mal), il faut admettre

que la magie que le grand public cherche

généralement dans ces films se trouve bien

dans “La Reine des Neiges”. À voir si sa suite

saura perpétuer l’engouement mérité pour

ce film…

Liam Debruel

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