Désolé j'ai ciné #12
Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney ! Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société. On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !
Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney !
Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société.
On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !
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La mélancolie a nourri au fur et à mesure des années maintes
œuvres, charriant émotionnellement les remords et les regrets
de protagonistes détruits dans leur être tout en essayant de faire
partager au public la destruction empathique qui les brise dans leur
chair. Duke Johnson et Charlie Kaufman auront su représenter cela
par l’utilisation de la stop motion.
La technique de l’animation en mouvement est pleinement utilisée et
se justifie notamment par le statut du héros, souffrant du syndrome
de Fergoli qui lui fait percevoir à chaque personne les mêmes visages
et voix, l’isolant de plus en plus de la société et de ses proches.
Cette gestion dramatique passe également par une représentation
réaliste du corps, notamment dans sa nudité (cf sa scène de sexe),
et la stop motion apporte une forme d’ancrage irréel, telles les
pensées de Michael Stone. Tout se délite dans une ambiance autre,
entre renfermement physique et géographique et une sensation de
cauchemar éveillé, alimentée par des fantômes du passé ne pouvant
procurer aucun répit pour Michael. Aucune échappatoire face à la
morosité de la vie et cet emprisonnement permanent… À moins que
?
La rencontre entre Michael et Lisa est des plus bouleversantes car
débarquant à un instant où l’étau de la solitude est au plus fort, au
plus étouffant pour notre personnage principal et la lumière qui se
dégage de la voix de Jennifer Jason Leigh, au point d’en avoir la
larme à l’œil en l’entendant chanter du Cindy Lauper. Cette union
entre ces deux solitaires, marqués dans leur intimité la plus profonde
par le regard étranger des autres et cette absence de reconnaissance
dans leur univers, est déchirante à souhait, tragédie humaine si
quotidienne et pourtant provoquant perpétuellement les mêmes
saignements au cœur, cette même douleur qui nous ronge de
l’intérieur au point de frôler l’annihilation de l’être. Voilà bien la patte
de Charlie Kaufman, maître sublimatoire de portraits de personnages
décalés tout en les confrontant à la vicissitude de la normalité établie.
“Anomalisa” se révèle dès lors miroir reflétant nos imperfections,
nos doutes, tout ce qui nous alourdit au quotidien pour telle ou
telle raison et se dévoile d’un drame puissant, remarquable beauté
technique à l’image d’une sensation permanente de solitude. On en
sort le cœur serré, le regard humide et la mélancolie planant sur notre
tête sans prévoir de nous quitter avant un bon moment, telle que la
sensation d’avoir découvert une œuvre admirable à tous les niveaux.
Liam Debruel