Désolé j'ai ciné #12
Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney ! Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société. On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !
Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney !
Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société.
On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !
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Hirokazu Kore-Eda continue son rythme
de croisière en sortant en 2001 “Distance”.
Un drame dans lequel les proches de personnes
violemment tuées reviennent sur les
lieux du crime pour fêter le troisième anniversaire
de ce tragique évènement. Un film
sur lequel on ne s’attarde que peu. Malgré
un postulat de départ alléchant, le film
peine à décoller. Kore-Eda signe une mise
en scène clinique et sans âme pour alterner
passé et présent, vivants et morts, dans des
scènes à rallonge qui finissent par nous faire
décrocher et rendent ainsi ces 2h12 plus
longues qu’elles ne le sont déjà.
Vient donc “Nobody Knows”, sorti en 2004.
Présenté en sélection officielle à Cannes la
même année, le film repart avec le Prix d’interprétation
masculine pour Yagira Yuya (qui
est donc, à 14 ans, le plus jeune acteur à
être récompensé sur la Croisette) mais force
est de constater que le film n’aurait absolument
pas volé une Palme d’or. Inspiré d’une
histoire vraie, “Nobody Knows” dépeint le
quotidien du jeune Akira, 12 ans, et de ses
trois frères et soeurs obligés de se débrouiller
tous seuls alors que leur mère a mis les
voiles du jour au lendemain.
Une jeune mère aux traits fatigués débarque
avec son fils dans un nouvel appartement,
traînant avec elle de grosses valises.
À l’intérieur, trois autres enfants. Une famille
vouée à vivre clandestinement dans un appartement
étriqué. Tandis que la mère part
de longues heures au travail, les enfants
apprenent à se cacher, à jouer en silence, le
plus grand endossant le rôle de chef de famille.
Une famille où la figure paternelle est
absente (chaque enfant est issu d’un père
différent) et où la figure maternelle disparaît
elle aussi. C’est là que tout le génie de Kore-
Eda entre en scène. Lui qui n’a jamais cédé
à l’appel du mélodrame ne compte pas
céder cette fois non plus, malgré un sujet
qui s’y prête parfaitement. Deux aspects se
dégagent du film, le point de vue extérieur
et le point de vue intérieur. De l’extérieur,
absolument tout nous pousserait à pleurer
le sort de ces enfants entre Akira qui tente
tant bien que mal d’étudier et de s’occuper
de cette famille, la nourriture qui commence
à manquer, les longues journées d’été où ils
n’ont quasiment plus rien à boire… Pourtant,
le point de vue intérieur vient rapidement
contrebalancer cette noirceur et ce pessimisme
indéniable. Même dans la misère
la plus totale, ces quatre enfants se soutiennent
et leur amour inconditionnel leur
permet de survivre, de rire et de s’aimer.
Même quand tout va mal, Kore-Eda réussit à
insuffler un rayon de soleil qui balaie toute
la tristesse de ce film. C’est fort, bouleversant.
Comme toujours, Kore-Eda reste sur un
fil. L’ombre d’un drame n’est jamais loin et
c’est cette tension permanente qui nous fait
comprendre que rien n’est éternel, que ces
enfants ne resteront pas des enfants encore
bien longtemps. Il est temps pour eux de
venir adulte de la manière la plus rude, la
plus inattendue et la plus déchirante autant
pour cette famille que pour nous.
La caméra de Kore-Eda filme avec minutie
et tendresse ces enfants livrés à eux-mêmes
pour nous livrer un film tout en subtilité et
rempli d’amour. C’est beau, c’est un chefd’oeuvre,
c’est de l’orfèvre pure.
Margaux Maekelberg