Désolé j'ai ciné #12
Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney ! Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société. On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !
Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney !
Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société.
On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !
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Après s’être intéressé à la seconde guerre
mondiale et plus particulièrement aux
soldats, Malick revient sept ans plus tard
avec “Le Nouveau Monde” dans lequel il
continue d’explorer l’histoire américaine
en revenant ici sur l’origine même de la
création de son pays, à savoir la colonisation
du continent à travers l’histoire de la seule
et unique Pocahontas. On voit donc l’arrivée
des navires anglais sur le sol de Virginie,
leur installation très occidentale sur le
territoire et on suit John Smith (Colin Farrell)
qui va être nommé ambassadeur chez les
Indiens où, après qu’elle lui ait sauvé la vie,
il tombe progressivement amoureux de la
fille préférée du chef Powhatan, Pocahontas
(Q’Orianka Kilcher). Cette idylle interdite va
alors être mise à mal par les tensions entre
les deux clans.
Adaptant quelque peu librement l’histoire
vraie de la princesse indienne, rappelant
“Roméo et Juliette”, Malick nous offre ici un
film sur un amour impossible au sein d’un
paradis condamné. Ce nouveau monde est,
avant l’invasion des colons, un jardin d’Éden
où l’harmonie avec la nature règne mais,
comme dans “La Ligne Rouge”, le réalisateur
nous invite à méditer sur le rapport de
l’homme à la Création et son besoin
irrationnel, incontrôlable de la détruire par
l’envie de la posséder.
C’est donc également le lieu d’une histoire
d’amour. Une histoire marquée par un choc
des cultures, qui reflète une opportunité
manquée. À travers la relation inachevée
entre John Smith et Pocahontas, on peut
voir l’échec de la rencontre entre deux
mondes, deux approches n’ayant pas réussi
à coexister pacifiquement. Pourtant, Malick
nous montre que cette cohabitation n’était
peut-être pas impossible car l’idylle entre
nos deux protagonistes traduit une fusion
progressive de leurs deux modes de vie. Les
deux cultures s’embrassent, ne font qu’un le
temps d’un instant et tout semble possible à
nos tourtereaux.
La mise en scène de l’auteur vaut alors
mieux que mille mots et s’armant de sa
caméra il nous délivre une leçon de poésie,
quasi dénuée de dialogues, où Smith et
Pocahontas se découvrent, apprennent à
communiquer et à s’aimer. On est alors à
leurs côtés, on contemple leurs batifolages,
leur insouciance, on vit pleinement cette
relation cachée car on sait qu’elle n’est pas
vouée à durer. Le style de Malick est alors
tel qu’il nous transcende, amorçant ce qu’il
fera dans la décennie suivante à partir de
“The Tree of Life”, avec une abondance de
mouvements et des jump-cuts sur fond de
Wagner ou de Mozart. De plus, il ne perd
pas pour autant son amour du réalisme,
qui s’exprime ici par le choix des décors,
qui correspondent aux lieux historiques de
l’événement en question, ainsi que dans la
représentation fidèle des us et coutumes
des indiens. On est alors transporté, fasciné.
Une sorte de magie opère et l’on en vient
même à être passionné par le sort de
Pocahontas.
Car Malick en fait véritablement le cœur
de son film, au même titre que la Nature et
Dieu, omniprésents tels des observateurs
impuissants de cette histoire. Il nous montre
donc une femme en pleine émancipation,
n’hésitant pas à prendre des risques au
nom du sacro-saint Amour, moteur de ce
monde. Elle connaît des hauts et des bas
mais arrive toujours à s’adapter sans laisser
de côté sa personnalité et la fin nous le
traduit magnifiquement quand, ayant enfin
fait le deuil de son amour avec Smith pour
lequel elle était empreinte de nostalgie, elle
gambade dans les grands jardins en tenue