72Si Terrence Malick a commencé la décennieen nous faisant don de son magnifique «Tree of Life », il vient la conclure avec lemeilleur cadeau de Noël dont nous aurionspu rêver. Ce cadeau, c’est bel et bien «Une vie cachée », son dernier film, danslequel le réalisateur revient à la naturequ’il chérit tant, tout en conservant sonstyle relativement expérimental développédepuis 2011.L’histoire est simple et inspirée de faitsréels : on suit la vie de Franz Jägerstätter(August Diehl), fermier chrétien du villagede St Radegund en Autriche, qui va refuserde prêter allégeance à Hitler et de se battrepour le troisième Reich, ce qui va provoquerinévitablement son emprisonnement et samort. Ce n’est sûrement pas un hasard siMalick a décidé de s’emparer de la vie decet homme pour l’adapter à l’écran. En effet,on retrouve ici globalement tout ce qui a pufaire par le passé la gloire du cinéaste avecun film éminemment centré sur la Nature, laTerre, ce jardin d’Eden voué à la destructionpar l’homme, mais aussi un film comportantd’importantes réflexions religieuses avectout un questionnement sur la relation entreDieu et sa créature, laquelle est au cœur durécit.Malgré tout, ce qui va intéresser Malick ici,c’est avant tout l’Amour, l’insouciance, quise ressent toute la première partie du filmdans ces magnifiques étendues vertes oùl’on découvre, émerveillé, la vie de famillede l’objecteur de conscience. Cet amourne va pas quitter le métrage un seul instantgrâce au montage, qui va multiplier lesflashbacks et inserts de réminiscence richesen émotions, et aux lettres échangéespar le protagoniste et sa femme durantl’incarcération de celui-ci, lues en voix-off etde plus en plus déchirantes à mesure que lefilm avance.À côté de ça, le réalisateur, comme à sonhabitude d’antan, prend son temps, filmeles champs et montre comment les hommesse dévouent à rendre cette terre fertile.On est alors purement dans le sensoriel etces contemplations qui marquent toute lapremière partie du récit nous transcendenttant par les mouvements de caméra,toujours très libres, que par la beauté dela bande originale composée par JamesNewton Howard.Cet homme, il faut en parler. S’élevantcontre multiples entités – régime politiquedictatorial, son village gangréné parl’idéologie nazie, la guerre et ce qu’ellereprésente – il devient un martyr et c’est làque les réflexions de Malick ressurgissent.Il choisit ici de nous montrer une figurefortement christique avec cet homme,vecteur d’une idéologie pacifiste, renonçantà la tentation de s’agenouiller devant cequi est appelé à de nombreuses reprises« l’Antéchrist » pour s’en sortir et qui vamourir, seul. Il est intéressant de voir quele cinéaste prête à son personnage desquestionnements similaires à ceux deJésus, notamment quand celui-ci demandepourquoi il l’abandonne et ne le sauve pasalors que son combat est juste.Cette interrogation va mener toute ladernière partie du film et va nous détruiresur le plan émotionnel peu à peu puisque,connaissant l’issue fatale, on espère detout cœur un miracle divin venant sauverla vie de celui qui a osé s’élever contrela barbarie et dont les actes ont unesignification aussi importante que son noma été oublié. Malheureusement, malgré lafoi indéfectible, le miracle n’a pas lieu maisle héros s’en va vaillamment, sans aucunepeur, porté tant par sa conviction religieuseque l’amour des siens.Ainsi, huit ans après nous avoir montré la vieet sa naissance, Malick nous offre une leçonde vie, d’amour et de courage et nous faitnous languir sur son prochain projet, centrésur la vie du Christ lui-même. Il finit donc sadécennie comme il l’a commencé, en nousmarquant profondément et ce avec un destous meilleurs films de sa, déjà très belle,carrière.Elie Bartin
73
- Page 1 and 2:
1
- Page 3 and 4:
3LE SOMMAIRE6. JJ Abrams : l’aute
- Page 5 and 6:
5EDITODans ce numéro de fin d’an
- Page 7 and 8:
7l’auteur/fan destemps modernes ?
- Page 9 and 10:
9FRINGELa création de nouvelles ce
- Page 11 and 12:
11La télévision va connaître ave
- Page 13 and 14:
13Tout semble partir d’un simple
- Page 15 and 16:
MISSION IMPOSSIBLE15
- Page 17 and 18:
17Kirk, en quête d’émancipation
- Page 19 and 20:
19« Super 8 », Abrams le filme co
- Page 21 and 22: 21meurtriers avec ces citoyens dép
- Page 23 and 24: THE CLOVERFIELD PARADOXSorti par su
- Page 25 and 26: 25On a parlé de la manière dont J
- Page 27 and 28: 27CETTE FIN D’ANNÉE VOIT LA SORT
- Page 29 and 30: UN NOUVEL ESPOIR (1977)artistique p
- Page 31 and 32: L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE (1980)31
- Page 33 and 34: LE RETOUR DU JEDI (1983)parfaitemen
- Page 35 and 36: 35Concernant le scénario, mis à p
- Page 37 and 38: 37Avec «La Menace Fantôme» qui e
- Page 39 and 40: LA REVANCHE DES SITH (2005)39
- Page 41 and 42: Il aura suffi d’une dizaine d’a
- Page 43 and 44: ROGUE ONE : A STAR WARS STORY (2016
- Page 45 and 46: dans le propos mais c’est une dé
- Page 47 and 48: 47AR WARS STORY (2018)On ne sait pa
- Page 49 and 50: Malheureusement, cette série a que
- Page 51 and 52: 51Explorateur deur)D(ieu)N(ature) d
- Page 53 and 54: développer tout au long de la déc
- Page 55 and 56: Cette obsession pour la nature est
- Page 57 and 58: Cinq ans après nous avoir fait viv
- Page 59 and 60: 59hommes qui la narrent, offrant un
- Page 61 and 62: 61anglaise aux côtés de son fils.
- Page 63 and 64: 63du monde (l’enfance, les sensat
- Page 65 and 66: 65valeur tant par la photographie d
- Page 67 and 68: 67Quel est le sens de la vie ? Cett
- Page 69 and 70: VOYAGE OF TIME (2016)69
- Page 71: 71spirale infernale qu’il a engen
- Page 75 and 76: HIROKAZU KORE-EDA75
- Page 77 and 78: 77Dans les années 90, Hirokazu Kor
- Page 79 and 80: 79son souvenir, tout un studio de c
- Page 81 and 82: 81Hirokazu Kore-Eda continue son ry
- Page 83 and 84: 83STILL WALKING (2009)tout en émot
- Page 85 and 86: 85Si on peut saluer une qualité g
- Page 87 and 88: 87La vie de Ryota est bien loin de
- Page 89 and 90: THE THIRD MURDER (2018)89
- Page 91 and 92: 91
- Page 93 and 94: LA VÉRITÉ (2019)93
- Page 95 and 96: AU COMMENCEMENT ÉTAIT SALEM.95
- Page 97 and 98: THE WITCH (2016)des schémas narrat
- Page 99 and 100: 99Un temps attaché à un projet de
- Page 101 and 102: 101Les visuelsLes thématiquesVisue
- Page 103 and 104: 103La mélancolie a nourri au fur e
- Page 105 and 106: 105J’AI PERDU MON CORPS (2019)vit
- Page 107 and 108: 107LA NEIGE AU CINÉMALa neige a ce
- Page 109 and 110: 109IT’S A WONDERFUL LIFE (1946)L
- Page 111 and 112: 111Si Gizmo est une créature défi
- Page 113 and 114: 113DIE HARD (2013)sa femme et retro
- Page 115 and 116: 115
- Page 117 and 118: FANTASIA (1940)117
- Page 119 and 120: KUZCO L’EMPEREUR MÉGALO (2000)Es
- Page 121 and 122: 121
- Page 123 and 124:
123CE 4 DÉCEMBRE EST SORTIE UNE NO
- Page 125 and 126:
125Pour Barry Sonnenfeld, qui signe
- Page 127 and 128:
127LES VALEURS DE LA FAMILLE ADDAMS
- Page 129 and 130:
129de toute aspérité, avec des ge
- Page 131 and 132:
OW (2019)Weinstein). Cette série e
- Page 133:
133Comme l’a évoqué notre réda