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Désolé j'ai ciné #12

Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney ! Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société. On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !

Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney !

Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société.

On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !

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72

Si Terrence Malick a commencé la décennie

en nous faisant don de son magnifique «

Tree of Life », il vient la conclure avec le

meilleur cadeau de Noël dont nous aurions

pu rêver. Ce cadeau, c’est bel et bien «

Une vie cachée », son dernier film, dans

lequel le réalisateur revient à la nature

qu’il chérit tant, tout en conservant son

style relativement expérimental développé

depuis 2011.

L’histoire est simple et inspirée de faits

réels : on suit la vie de Franz Jägerstätter

(August Diehl), fermier chrétien du village

de St Radegund en Autriche, qui va refuser

de prêter allégeance à Hitler et de se battre

pour le troisième Reich, ce qui va provoquer

inévitablement son emprisonnement et sa

mort. Ce n’est sûrement pas un hasard si

Malick a décidé de s’emparer de la vie de

cet homme pour l’adapter à l’écran. En effet,

on retrouve ici globalement tout ce qui a pu

faire par le passé la gloire du cinéaste avec

un film éminemment centré sur la Nature, la

Terre, ce jardin d’Eden voué à la destruction

par l’homme, mais aussi un film comportant

d’importantes réflexions religieuses avec

tout un questionnement sur la relation entre

Dieu et sa créature, laquelle est au cœur du

récit.

Malgré tout, ce qui va intéresser Malick ici,

c’est avant tout l’Amour, l’insouciance, qui

se ressent toute la première partie du film

dans ces magnifiques étendues vertes où

l’on découvre, émerveillé, la vie de famille

de l’objecteur de conscience. Cet amour

ne va pas quitter le métrage un seul instant

grâce au montage, qui va multiplier les

flashbacks et inserts de réminiscence riches

en émotions, et aux lettres échangées

par le protagoniste et sa femme durant

l’incarcération de celui-ci, lues en voix-off et

de plus en plus déchirantes à mesure que le

film avance.

À côté de ça, le réalisateur, comme à son

habitude d’antan, prend son temps, filme

les champs et montre comment les hommes

se dévouent à rendre cette terre fertile.

On est alors purement dans le sensoriel et

ces contemplations qui marquent toute la

première partie du récit nous transcendent

tant par les mouvements de caméra,

toujours très libres, que par la beauté de

la bande originale composée par James

Newton Howard.

Cet homme, il faut en parler. S’élevant

contre multiples entités – régime politique

dictatorial, son village gangréné par

l’idéologie nazie, la guerre et ce qu’elle

représente – il devient un martyr et c’est là

que les réflexions de Malick ressurgissent.

Il choisit ici de nous montrer une figure

fortement christique avec cet homme,

vecteur d’une idéologie pacifiste, renonçant

à la tentation de s’agenouiller devant ce

qui est appelé à de nombreuses reprises

« l’Antéchrist » pour s’en sortir et qui va

mourir, seul. Il est intéressant de voir que

le cinéaste prête à son personnage des

questionnements similaires à ceux de

Jésus, notamment quand celui-ci demande

pourquoi il l’abandonne et ne le sauve pas

alors que son combat est juste.

Cette interrogation va mener toute la

dernière partie du film et va nous détruire

sur le plan émotionnel peu à peu puisque,

connaissant l’issue fatale, on espère de

tout cœur un miracle divin venant sauver

la vie de celui qui a osé s’élever contre

la barbarie et dont les actes ont une

signification aussi importante que son nom

a été oublié. Malheureusement, malgré la

foi indéfectible, le miracle n’a pas lieu mais

le héros s’en va vaillamment, sans aucune

peur, porté tant par sa conviction religieuse

que l’amour des siens.

Ainsi, huit ans après nous avoir montré la vie

et sa naissance, Malick nous offre une leçon

de vie, d’amour et de courage et nous fait

nous languir sur son prochain projet, centré

sur la vie du Christ lui-même. Il finit donc sa

décennie comme il l’a commencé, en nous

marquant profondément et ce avec un des

tous meilleurs films de sa, déjà très belle,

carrière.

Elie Bartin

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