Désolé j'ai ciné #12
Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney ! Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société. On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !
Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney !
Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société.
On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !
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70
Après avoir montré l’étouffante et
superficielle industrie du cinéma dans
“Knight of Cups”, il s’attelle cette fois-ci au
monde de la musique qu’il va dépeindre
comme le théâtre de multiples trahisons
et coups du sort. Venant conclure la
fameuse trilogie post “Tree of Life”, axée
sur l’existence, “Song to Song” est peutêtre
le meilleur des trois volets. “Song to
Song”, c’est quoi du coup ? Tout bêtement
une superposition d’histoires d’amour.
D’abord, celle entre BV (Ryan Gosling) et
Faye (Rooney Mara), tous deux chanteurs,
qui est en réalité un triangle amoureux
puisque Cook (Michael Fassbender),
acteur important de la scène musicale,
entretient également une relation avec
Faye. Parallèlement, ce dernier va tomber
amoureux de Rhonda (Natalie Portman), une
serveuse qui va tout laisser derrière elle et
l’épouser.
Le thème principal est donc l’Amour et son
rôle dans notre existence. Malick va alors
s’amuser à nous balader dans la tête de
tous ses personnages principaux pour nous
révéler la vraie nature de leurs sentiments
envers les autres. Ce faisant, il va pouvoir
exposer à la fois en quoi l’amour est un jeu
mais aussi une fin en soi. Ici, notre quatuor a
du mal à aimer, aucun n’arrive à s’y adonner
pleinement. BV semble avoir peur de
l’attachement, Faye n’y voit qu’un moyen
d’obtenir le succès, Cook est un assoiffé
de domination et il veut posséder tout ce
qu’il peut, femmes comprises mais on y
reviendra, et enfin pour Rhonda c’est une
porte de sortie de la misère dans laquelle
elle vivait.
On peut facilement retrouver un peu
du “Mépris” de Godard dans la relation
tripartite du début de film mais surtout on
ressent un sens du montage proche de
celui du pilier de la Nouvelle Vague lors
de séquences plus joyeuses entre BV et
Faye, où l’on a l’impression de se perdre
dans un “Pierrot le fou” moderne, tout aussi
envoutant et délicieux que l’original.
Là où le film devient très intéressant c’est
dans sa manière de traiter l’évolution de ces
personnages dans leur rapport à l’Amour
justement. Là les deux duos se distinguent
grandement, le premier souffrant
énormément mais parvenant à tendre vers
le bonheur en surmontant leurs problèmes
respectifs et en apprenant à encaisser
cette douleur, propre à l’amour et à la vie
de manière générale, comme Malick le dit
expressément dans “To the Wonder”. Le
second va se désagréger à petit feu jusqu’à
connaître une issue tragique, teintée de
solitude.
Sans prendre autant la direction du trip que
“Knight of Cups”, malgré quelques passages
psychédéliques du meilleur effet, “Song to
Song” demeure une déambulation sinueuse
à travers les psychés de quatre personnages
aussi variés que perdus.. En effet, Malick
joue ici avec l’industrie musicale, comme il
l’a fait avec Hollywood deux ans plus tôt, en
la montrant artificielle, dénuée d’humanité
et étouffante. Ce monde-là est symbolisé
par le personnage de Cook qui est très
intéressant en ce qu’il est : le seul vrai
point d’accroche à la thématique religieuse
habituelle de Malick mais pas pour les
bonnes raisons. Ici, Fassbender incarne une
figure luciférienne et son comportement
avec tous les personnages fait énormément
penser à celui du Diable de “Faust”.
Ainsi, pour la première fois vraiment, la
relation au divin ne se fait pas dans l’appel
à Dieu mais bien dans l’affrontement du
Malin, venant corrompre ces êtres fragiles
en quête d’eux-mêmes avant de viser le
succès mais qui, à l’image du Prince du
“Chant de la perle” - poème lançant “Knight
of Cups” - sont détournés de leur objectif
pour finalement se perdre. Sortir de la