21.12.2019 Views

Désolé j'ai ciné #12

Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney ! Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société. On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !

Dernier round de l'année pour l'équipe de Désolé j'ai ciné. Et pour ce 12e numéro, on ne pouvait pas ne pas évoquer l'évènement de cette fin d'année : Star Wars. Alors on est revenu sur toute la saga mais également sur la carrière de JJ Abrams. Sinon on vous parle aussi de Terrence Malick, d'Hirokazu Kore-Eda, de Robert Eggers et même de Disney !

Un numéro encore bien riche qui se conclut par un petit mot de fin de ma part pour revenir sur cette année mais aussi sur la place de la femme dans le cinéma et dans la société.

On vous remercie pour votre fidélité et on vous dit à l'année prochaine !

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

70

Après avoir montré l’étouffante et

superficielle industrie du cinéma dans

“Knight of Cups”, il s’attelle cette fois-ci au

monde de la musique qu’il va dépeindre

comme le théâtre de multiples trahisons

et coups du sort. Venant conclure la

fameuse trilogie post “Tree of Life”, axée

sur l’existence, “Song to Song” est peutêtre

le meilleur des trois volets. “Song to

Song”, c’est quoi du coup ? Tout bêtement

une superposition d’histoires d’amour.

D’abord, celle entre BV (Ryan Gosling) et

Faye (Rooney Mara), tous deux chanteurs,

qui est en réalité un triangle amoureux

puisque Cook (Michael Fassbender),

acteur important de la scène musicale,

entretient également une relation avec

Faye. Parallèlement, ce dernier va tomber

amoureux de Rhonda (Natalie Portman), une

serveuse qui va tout laisser derrière elle et

l’épouser.

Le thème principal est donc l’Amour et son

rôle dans notre existence. Malick va alors

s’amuser à nous balader dans la tête de

tous ses personnages principaux pour nous

révéler la vraie nature de leurs sentiments

envers les autres. Ce faisant, il va pouvoir

exposer à la fois en quoi l’amour est un jeu

mais aussi une fin en soi. Ici, notre quatuor a

du mal à aimer, aucun n’arrive à s’y adonner

pleinement. BV semble avoir peur de

l’attachement, Faye n’y voit qu’un moyen

d’obtenir le succès, Cook est un assoiffé

de domination et il veut posséder tout ce

qu’il peut, femmes comprises mais on y

reviendra, et enfin pour Rhonda c’est une

porte de sortie de la misère dans laquelle

elle vivait.

On peut facilement retrouver un peu

du “Mépris” de Godard dans la relation

tripartite du début de film mais surtout on

ressent un sens du montage proche de

celui du pilier de la Nouvelle Vague lors

de séquences plus joyeuses entre BV et

Faye, où l’on a l’impression de se perdre

dans un “Pierrot le fou” moderne, tout aussi

envoutant et délicieux que l’original.

Là où le film devient très intéressant c’est

dans sa manière de traiter l’évolution de ces

personnages dans leur rapport à l’Amour

justement. Là les deux duos se distinguent

grandement, le premier souffrant

énormément mais parvenant à tendre vers

le bonheur en surmontant leurs problèmes

respectifs et en apprenant à encaisser

cette douleur, propre à l’amour et à la vie

de manière générale, comme Malick le dit

expressément dans “To the Wonder”. Le

second va se désagréger à petit feu jusqu’à

connaître une issue tragique, teintée de

solitude.

Sans prendre autant la direction du trip que

“Knight of Cups”, malgré quelques passages

psychédéliques du meilleur effet, “Song to

Song” demeure une déambulation sinueuse

à travers les psychés de quatre personnages

aussi variés que perdus.. En effet, Malick

joue ici avec l’industrie musicale, comme il

l’a fait avec Hollywood deux ans plus tôt, en

la montrant artificielle, dénuée d’humanité

et étouffante. Ce monde-là est symbolisé

par le personnage de Cook qui est très

intéressant en ce qu’il est : le seul vrai

point d’accroche à la thématique religieuse

habituelle de Malick mais pas pour les

bonnes raisons. Ici, Fassbender incarne une

figure luciférienne et son comportement

avec tous les personnages fait énormément

penser à celui du Diable de “Faust”.

Ainsi, pour la première fois vraiment, la

relation au divin ne se fait pas dans l’appel

à Dieu mais bien dans l’affrontement du

Malin, venant corrompre ces êtres fragiles

en quête d’eux-mêmes avant de viser le

succès mais qui, à l’image du Prince du

“Chant de la perle” - poème lançant “Knight

of Cups” - sont détournés de leur objectif

pour finalement se perdre. Sortir de la

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!