Guido Morpurgo-Tagliabue e l'estetica del Settecento - SIE - Società ...

Guido Morpurgo-Tagliabue:le sublime et l’esthétique du prátteindi Baldine Saint GironsBien que je ne l’ai jamais rencontré de son vivant, Guido Morpurgo-Tagliabueest devenu pour moi un maître et un ami. Peu de personnesm’ont insufflé aussi opportunément et avec pareille générosité,des idées qui constituaient de véritables programmes de travail, enmême temps qu’elles contribuaient à fixer la conduite de mon existencepar des choix de plus en plus assurés. Le magnifique portrait qu’ila dressé de mon cher Edmund Burke est assurément aussi le sien:«Burke era eruditissimo, ma non va giudicato come un logico»; egli«fu un dillettante erudito. Non sfrutterà mai superficialmente un argomento,ma lo coltiverà come suo hobby; dal 1747 al 1757 lavorerà all’Enquiry,ma come a un suo privato giardinaggio». Il avait comprisbien avant Ryle le fossé qui sépare la didactique et l’heuristique «locuzionicontemplative e locuzioni esecutive, teorie e ricerche, instaurazioniet indagini, discorsi sistematici e discorsi euristici». Il l’avait compris,mais cela ne l’empêchait pas de vouloir renouveler et enrichir ladidactique en lui restaurant sa véritable âme qui est l’esprit de la recherche:«I am convinced that the method of teaching which approachesmost nearly to the method of investigation, is incomparably thebest». L’ordre qu’il nous faut suivre est clair: aller du jardin secret versl’œuvre et de la recherche intimement motivée vers l’enseignement, nepas céder sur ce point.Pour trois raisons, au moins, je lui suis extrêmement redevable: lerapprochement opéré entre le sublime de Burke et le sublime de Démétrios;l’articulation du transcendantal à l’anthropologique commeperte et pas seulement comme dépassement, mais, d’abord et avanttout, la nécessité de ne pas escamoter l’esthétique du pràttein, énoncéedans la remarque conclusive de L’Esthétique contemporaine – Uneenquête (Une enquête, pas un manuel). Dans notre tradition, écrit-il,«nous pouvons à l’origine reconnaître deux attitudes: une attitude ontologiqueet une attitude psychagogique, un theorein et un pràttein(avant que ce ne soit un poiein), une reconnaissance de l’ordre cosmiqueet une opération suggestive sur les esprits». Toute l’histoire del’esthétique occidentale est marquée par «la polarisation vers le “beau”ou vers “l’expressif”, et la tendance à porter l’esthétique tantôt vers87