ces comiques. Sans doute le problème demeure-t-il d’articuler le styleélégant (glaphuros) au style puissant (deinos) dont le vice est précisémentde se montrer disgracieux (acharis), et la théorie de Démétriosest «un peu contradictoire», comme le note Lombardo. Mais l’essentielest bien l’échange d’énergie entre ces deux styles qui sont tousdeux faits pour séduire et frapper, et occupent par suite une positionmédiane entre l’extrême du style simple et l’extrême du style noble.Or, si l’on cherche bien, on trouve dans la tradition française dumilieu du XVIII ème siècle une théorie qui prône l’union de la grâce etdu sublime, juste avant que la problématique de la grâce ne soit éclipséepar celle du sublime ; cela de façon implicite dans le corpus anglaiset de façon plus explicite dans le corpus allemand avec Kant.Montesquieu entreprend, en effet, dans ses Cahiers la critique conjointedu sublime monothéiste et du sublime abstrait des philosophes. Faceà ce sublime abstrait ou ce faux sublime, l’essentiel est à ses yeuxde maintenir la grâce et, à travers elle, en même temps qu’au-<strong>del</strong>à d’elle,la diversité. «Il y a, dans le système des Juifs, beaucoup d’aptitudepour le sublime, parce qu’ils avaient coutume d’attribuer toutes leurspensées et toutes leurs actions à des inspirations particulières de laDivinité: ce qui leur donnait un très grand agent. Mais, quoique Dieuy paraisse agir comme un être corporel, aussi bien que dans le systèmepaïen, cependant il ne paraît agité que de certaines passions ce quilui ôte non seulement le gracieux, mais encore la variété du sublime. Et,d’ailleurs, un agent unique ne peut donner de variété: il laisse à l’imaginationun vide étonnant, au lieu de ce plein que formait un nombreinnombrable de Divinités païennes. Le système chrétien (je me sers dece terme, tout impropre qu’il est), en nous donnant des idées plus sainesde la Divinité, semble nous donner un plus grand agent. Maiscomme cet agent ne permet ni n’éprouve aucune passion, il faut nécessairementque le sublime y tombe. […] Mais ce qui achève de perdre lesublime parmi nous et nous empêche de frapper et d’être frappés, c’estcette nouvelle philosophie qui ne nous parle que de lois générales etnous ôte de l’esprit toutes les pensées particulières de la Divinité» 4 .Ces formules sont contemporaines de l’Essai sur le goût dans les chosesde la nature et de l’art, œuvre que Montesquieu rédigea, frappé decécité, et que sa mort laissa inachevée, mais dans laquelle il développeune théorie de la surprise moins ponctuelle que savamment doséeet «continuée» au sens où l’on parle de la «création continuée».Montesquieu refuse le véritable sublime aux religions monothéistespar essence intolérantes, à la philosophie critique de Descartes quirépute faux ce qui est seulement vraisemblable et à ce qu’on appelé lefatalisme de Spinoza, lequel prive justement la surprise de son vraisens. Poésie, liberté, multiplicité des agents, voilà ce qu’il revendiquedans une philosophie de l’invention, qu’on pourrait, dans cette pers-90
pective, comparer à celle de Giambattista Vico, grand contempteur ducartésianisme.En exigeant l’union du gracieux et du sublime, Montesquieu n’estcependant pas isolé: dans un passage essentiel de l’Essai sur le beau de1741, le père André vante l’union du doux et du piquant, ou encoredu flexible et du facétieux, en se réclamant de Horace et de son portraitde Virgile:Molle, atque facetumVirgilio annuerunt gaudentes rare Camænæ.Les Muses, commente-t-il, ont accordé à Virgile «ces deux qualitésqu’Horace réunit dans l’idée d’une composition gracieuse: Molle atquefacetum, c’est-à-dire un style doux et piquant ; deux qualités opposéesen apparence, mais qu’il faut savoir accorder ensemble ou renonceraux grâces du discours». Car «la douceur du style, toute seule, deviendraitfade». André prône alors l’alliance du sublime et du gracieux ense référant à la «belle définition de la poésie française» qu’a donné unde nos poètes:L’art d’attraper facilement,Sans être esclave de la rime,Ce tour aisé, cet enjoûment,Qui seul peut faire le sublime.Cinquante ans plus tard, qui aurait idée de parler de l’enjouementdu sublime? Reste que, chez Kant lui-même, une autre théorie du sublimefut un temps présente dans la période précritique si généralementméprisée et méprisée même par ceux qui s’en réclament le plus.II – Articulation du transcendantal à l’anthropologique comme perte etpas seulement comme dépassement<strong>Morpurgo</strong>-<strong>Tagliabue</strong> consacre en 1987, lors du colloque de LuigiRusso sur Da Longino a Longino: I luoghi <strong>del</strong> sublime, un exposé ausublime kantien sous le titre Dal sublime antropologico al trascendantale(e ritorno), où il note finement que si les écrits philosophiques deSchiller constituent «piuttosto un ritorno alla impostazione empirica<strong>del</strong> Kant <strong>del</strong> ’64 che un approfondimento <strong>del</strong>le considerazioni <strong>del</strong>laCritica <strong>del</strong> Giudizio», Schiller ne cite pourtant pas les Beobachtungenüber das Gefühl des Schönen und Erhabenen «forse perché troppo “popolare”:Schiller era professore universitario».La réhabilitation de la troisième section de ce texte par <strong>Morpurgo</strong>-<strong>Tagliabue</strong> m’a semblé remarquable pour au moins trois raisons: lamise en œuvre par Kant d’une esthétique du pràttein, l’assignationtoute passagère d’un tertium quid entre le beau et le sublime, le pro-91
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