lème non résolu de l’articulation de l’anthropologique au transcendantal.(1) Le sublime et le beau commandent moins la contemplation quedes modes d’agir spécifiques. «La vanité qu’on reproche tant au beausexe est un défaut sans doute, mais un beau défaut», reconnaît Kant 5 .Pourquoi un beau défaut? Parce que ce défaut est heuristique et dynamogène:il incite à rendre visibles les grâces: «Cette inclination, quiajoute encore à leurs charmes, les pousse à se donner un maintien, àlaisser jouer la vivacité de leur esprit, à relever leur beauté et à nouséblouir» 6 . Avec cette notion de «beau défaut», non seulement se consommele clivage entre éthique et esthétique, mais s’imprime sur l’esthétiquele sceau de la féminité! La femme est belle dans le mouvement,la femme est gracieuse, alors que l’homme est sublime, aux yeuxde Kant. Et le dialogue tacite qui organise dès lors leur rapport est lesuivant: «Tu ne sens rien pour moi, mais je te forcerai à m’estimer»;«Tu ne m’estimes pas, mais je te forcerai à m’aimer». Pouvoir contrepouvoir… «Le moindre regard espiègle trouble les hommes plus quela plus difficile question», constate le philosophe.Cette remarque ne me semble en rien marquée du dérisoire de lamisogynie ordinaire. Elle a au contraire l’avantage de montrer la profondeaffinité du sublime et du gracieux, en tant qu’ils commandentune stratégie de pouvoir à la fois défensive et offensive. Le sublime etle gracieux se définissent moins comme des modes d’être que commedes modes concertés d’apparaître et de devenir. Chacun est un modusvivendi, choisi non pas dans un repli monadique sur soi, mais au contrairedans un rapport assumé à l’altérité. Et il est toujours à redéployeren profitant du kairos.(2) Kant distingue deux types de beauté féminine: l’un vif et sanguin,l’autre noble et mélancolique. Aussi bien le second, où se profilel’idéal de la femme authentiquement belle, belle im eigentlichen Verstand,vient-il déranger l’opposition du sublime et du beau: la modestie(Bescheidenheit) et une noble simplicité (edle Einfalt) toute winckelmanienney sont compatibles avec une certaine tendance à l’estime desoi, condamnée chez le sexe masculin par la loi morale. Kant pourraitbien exercer une influence sur Winckelmann, préfigurant par sa distinctionentre «bellezza vera» et «bellezza vaga» sinon l’opposition dusublime et du beau dans la Geschichte der Kunst des Altertums de1764, du moins la distinction entre «harmonie dorique» et «harmonieionique» dans les Monumenti antichi inediti de 1767.Par ailleurs, cet idéal de la femme noble et gracieuse (dont je verrai,pour ma part l’origine immédiate dans le portrait de la «femmetendre» établi par Diderot) trouve son aboutissement dans la «belleâme» de Goethe, la Diotima de Hölderlin, la femme admirable deWieland, etc.92
(3) Cet idéal de beauté féminine pure disparaît, certes, en 1790;mais l’erreur serait de s’imaginer que, même aux yeux de Kant, laquestion du sublime aurait été épuisée dans le champ transcendantal.S’il n’est point de régression possible aux solutions de 1764, un soucianthropologique permane. Et le problème de l’articulation de l’anthropologiqueau transcendantal est bien celui que nous lègue Kant.III – Réhabilitation d’une esthétique du pràtteinCherchant à cerner le moment proprement esthétique de l’expérience,il me fallait approfondir l’esthétique du pràttein, dont <strong>Morpurgo</strong>-<strong>Tagliabue</strong>signalait si heureusement l’occultation. C’est sur sa lancéeque je cherche depuis plusieurs années à définir ce que j’appelle“l’acte esthétique”. Parler d’acte, c’est vouloir lutter contre une conceptionde la sensibilité comme simple capacité réceptrice, intuitive etimmédiate, et tenter de prendre en compte le considérable travail psychiquequ’elle accomplit et les vicissitudes qu’elle traverse. Selon cetteperspective, le Kant de l’«Esthétique transcendantale» et le Hegel dudébut de La Phénoménologie de l’esprit devraient être renvoyés dos àdos: la sensibilité nie chez le premier l’acte qui la sous-tend; elle estprise chez le second dans un tel “tourbillon” qu’établir une logique <strong>del</strong>a perception est un jeu qui n’en vaut pas la peine.Il faut d’abord concevoir cet acte comme une fiction transcendantale.Peu importe qu’il n’ait jamais été et ne soit jamais accompli danssa pureté ; peu importe qu’il soit impossible de se fabriquer la virginitéque je lui prêterai. Je le déterminerai, en effet, dans une premièreapproche, comme la volonté ascétique du sujet de se transformer enplaque sensible, l’effort concerté d’exposition à une forme déterminéed’altérité, ou encore la décision de laisser la chose résonner en soi etde donner à la présence toutes ses chances, en acceptant qu’elle puissel’emporter au moins un temps sur toute signification prédéterminée;ce qui suppose d’éviter l’interférence de toute considération utilitaire,idéologique ou scientifique, comme aussi la simple projection de fantasmesémotionnels strictement individuels. De fait, le «désintérêt»pratique, scientifique et même moral mis en évidence par Kant dans lasphère du beau, tient à un intérêt fondamental: celui de laisser affleurerun monde autre, à la fois intérieur et extérieur, et de se nouer à luidans une lente et difficile imprégnation. Regarder et, plus généralement,ressentir se présentent alors comme des défis que, seul, un travailassidu et désintéressé peut relever dans des formes spécifiques desublimation.Pareille conception de l’acte esthétique m’a été inspiré par la traditiondu sublime qui met en évidence la métamorphose du sujet et l’exacerbationde ses facultés créatrices sous l’effet de l’œuvre, sans pourautant négliger le savoir alors procuré. Longin insiste sur la sortie hors93
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