12.07.2015 Views

Guido Morpurgo-Tagliabue e l'estetica del Settecento - SIE - Società ...

Guido Morpurgo-Tagliabue e l'estetica del Settecento - SIE - Società ...

Guido Morpurgo-Tagliabue e l'estetica del Settecento - SIE - Società ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Prendre le parti d’un tableau présuppose qu’on l’ait vu à une ouplusieurs reprises et suivant des périodes de temps variables. Mais leproblème reste alors entier de savoir ce qu’est la vision picturale et cequi, par sa médiation, s’ébranle dans la relation du sujet à une réalitéqui peut lui rester à certains égards fermée et incompréhensible. Doitonlaisser retentir en soi la puissance d’appel du tableau ou bien tenterde mémoriser les facteurs qui nous permettraient d’en poursuivre lajouissance in absentia? S’illusionne-t-on quand on se croit transportépar empathie à l’instant de sa conception et de son «faire» et faut-ilseulement s’appliquer à chercher systématiquement le problème dontl’œuvre serait la solution? Le tableau prend-il de lui-même sa place ausein de séries qui s’autoconstituent ou bien nous appartient-il d’enproduire des signifiants qui en exprimeraient la portée subjective?Bref, de quelles manières certaines activités dirigées – travail de la mémoire,reconstruction de questions, transposition poïétique – composent-ellesavec l’effort pour suivre les métamorphoses de notre être leplus sensible, lorsque nous l’exposons au tableau?Tout paraît simple lorsqu’on dit que «nos maîtres sont les tableaux»,mais il est bien difficile de comprendre pourquoi des œuvresnous étonnent et se mettent à exister si puissamment. Une voie est-elletrouvable qui ne soit ni la dérive dans un flux d’images par une impossibletransition du visible au visible, ni la promotion d’un signifiantamputé de tout support perceptif? Il importe de prendre en comptedifférentes formes d’invisibilité: non seulement la vie passée du tableau(préparation, repentirs, restauration, etc.), non seulement les opérationspsychiques dont il est issu (rêveries, intentions, constructions) etcelles qu’il requiert aujourd’hui pour accéder à la visibilité, mais, au<strong>del</strong>àmême de tous ces facteurs, l’invisible qui lui confère une réalitésubjective, c’est-à-dire qui, de façon aussi précaire qu’irrésistible, luiassure la portée d’un principe.Qu’est-ce donc que penser un tableau? Le propre de la pensée estde «rouler en elle» les images des choses et de les «emporter», affirmesaint Augustin 9 ; ainsi se donne-t-elle des moyens à travers unemultiplicité de prises. Mais sont-ce des images que nous roulons ennous ou bien quelque chose de différent? Et ce quelque chose, le roulons-nous,tel un tapis, ou bien s’introduit-il dans notre appareil psychique,comme une «donne» dont la puissance nous est encore inconnue?La pensée picturale rencontre, semble-t-il, un intermédiaire entrel’image et le concept, démon opérant à travers l’image et s’affirmantcontre elle, dans sa proximité et son antagonisme. L’image est àla fois la servante et l’adversaire du tableau, si bien que celui-ci constituele lieu d’un combat entre ce qui s’affirme et ce qui est apparemmentaffirmé.Aussi bien, pour devenir sensible au tableau comme tableau, est-il97

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!