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Guido Morpurgo-Tagliabue e l'estetica del Settecento - SIE - Società ...

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de soi-même (extasis) et sur la transmission d’un souffle ou d’une énergie;ce qui ne l’empêche pas de concevoir l’ars comme essentiel à latransmission de l’ingenium. Vico met en évidence les dangers de la confusionentre le moment topique, sensible, imaginatif et inventif, et le momentanalytico-critique qui doit s’y articuler seulement en son temps.Burke regrette qu’une idée claire ne soit trop souvent «qu’un autre nompour une petite idée» et affirme que la force poétique le suppose unsacrifice de la clarté représentative. Plus près de nous, T. S. Eliot montreque la parution d’une nouvelle œuvre d’art transforme toutes les œuvresd’art qui l’ont précédée: le passé est «modifié par le présent, tout autantque le présent est dirigé par le passé». Et l’école de Yale médite sur lerapport de rivalité œdipienne avec les grands artistes du passé et «l’angoissed’influence» (Harold Bloom) qui en résulte. L’aventure humainese joue largement dans ce rapport étonnamment vivant de forces et d’influencesqui oriente et structure le travail de la pensée.De fait, une pensée naïve qui suit le fil de l’histoire croit pouvoiranalyser successivement les temps disjoints de la production et de laréception. Mais l’analyse du sublime nous apprend qu’il n’y a pas <strong>del</strong>igne de démarcation définitive entre créateur et récepteur et que lesublime «renaît» littéralement avec chaque témoin sensible à ses manifestations;c’est cette surrection miraculeuse qu’il faut s’efforcer depenser sous le double signe de la rigueur et de l’ivresse. N’isolonsdonc pas la production et la réception (terme au demeurant malheureux)dans une extraposition qui nous condamne à ne rien comprendre,mais cherchons, au contraire, à rendre leurs temps solidaires et àpenser les nœuds et les intrications qui font la vraie transmission.Trois points de départ se sont offerts à moi: que se passe-t-il quandnous percevons un paysage, quand nous rencontrons les ténèbres etque nous prenons le parti d’un tableau?(l) Dans l’expérience la plus intense du paysage, le monde s’offreà nous, en nous dévoilant ses modes de structuration, cependant quetoutes nos forces psychiques se concentrent vers l’accueil. Se développealors un mode de rapport proprement esthétique à la nature. Aussiai-je proposé de baptiser “paysageur” le sujet esthétique qui, au prixde processus psychiques fort sophistiqués, transforme le pays, la natureet l’environnement, en paysage; cela, bien que nulle œuvre ne témoignedirectement de son activité. Ni prédateur, ni ingénieur, ni savant,cet inventeur se distingue du paysagiste, peintre ou jardinier: ilfournit l’exemple parfait d’une activité esthétique pure et désintéressée,indifférente à ce qui, dans l’existence de son objet, pourrait servirdes fins déterminées.Le paysage naît d’un «acte esthétique», en même temps que d’unecertaine disposition du monde: il suppose une décision mentale quiengendre l’attitude esthétique et qui la fonde, réussissant à démêler94

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