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Le Livre du second

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— Laissez-moi le temps d’examiner la hutte, lui répondis-je<br />

sur le même ton, et nous repartons. »<br />

« Puissant est l’Être d’Orgueil, sacrés sont tous ses noms. La<br />

moindre chose trouvée en retournant une feuille morte est de<br />

lui, il porte les tempêtes dans ses bras, et les poisons restent<br />

sans effet s’il n’a pas lancé sa malédiction ! »<br />

La femme dit alors : « Je ne crois pas qu’il soit nécessaire<br />

d’adresser toutes ces louanges à votre fétiche, Isangoma. Mon<br />

mari voulait simplement entendre votre histoire. Merci de nous<br />

l’avoir racontée, mais épargnez-nous vos litanies.<br />

— L’Être d’Orgueil protège ceux qui l’implorent ! Ne serait-il<br />

pas désolé si l’un de ceux qui l’adorent venait à mourir ?<br />

— Isangoma ! »<br />

Depuis sa fenêtre, l’autre homme intervint : « Il a peur,<br />

Marie. Ne l’entends-tu pas dans sa voix ?<br />

— La peur n’existe pas pour ceux qui portent le signe de<br />

l’Être d’Orgueil ! Son haleine est une brume qui cache le petit de<br />

l’ouakaris et le protège de la griffe <strong>du</strong> margay !<br />

— Si tu ne veux pas intervenir, Robert, je vais le faire.<br />

Isangoma, tais-toi. Ou bien va-t’en, mais ne reviens plus jamais.<br />

— L’Être d’Orgueil sait qu’Isangoma aime la Préceptrice. Il la<br />

sauverait s’il le pouvait.<br />

— Me sauver de quoi ? Imaginerais-tu par hasard que l’une<br />

de tes bêtes abominables se trouve ici ? S’il y en avait une,<br />

Robert la tuerait d’un coup de fusil.<br />

— <strong>Le</strong>s tokoloshes, Préceptrice. <strong>Le</strong>s tokoloshes arrivent. Mais<br />

l’Être d’Orgueil se condensera et nous protégera. Il est le toutpuissant<br />

qui commande aux tokoloshes, et quand il rugit, tous<br />

se cachent sous les feuilles mortes.<br />

— J’ai l’impression qu’il perd la tête, Robert.<br />

— Il a des yeux et il voit, Marie ; toi, non.<br />

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Et pourquoi regardes-tu<br />

sans cesse par cette fenêtre ? »<br />

Très lentement, l’homme se retourna et nous fit face. Il nous<br />

regarda tous les deux, Aghia et moi, pendant un moment, puis<br />

se détourna à nouveau. Son visage portait la même expression<br />

que nos clients lorsque maître Gurloes leur montrait les<br />

instruments que l’on allait utiliser pour leur anacrise.<br />

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