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Le Livre du second

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monde extérieur plus agréable pour vous, ne sont-elles pas<br />

moins élevées qu’elles l’étaient ?<br />

— Où avez-vous donc appris tout cela ? » lui demandai-je.<br />

Son visage paraissait purifié de toute sa sagesse, qui s’était<br />

condensée en deux gouttes de cristal au coin de ses yeux.<br />

La rive sur laquelle poussaient les avernes était moins<br />

marécageuse que l’autre. Après avoir marché pendant<br />

longtemps sur la piste mouvante des roseaux flottants et<br />

navigué pendant un moment, on était décontenancé de poser le<br />

pied sur un sol un peu mou, mais ferme. Nous avions touché<br />

terre à quelque distance des plantes, mais nous en étions assez<br />

près, cependant, pour distinguer, à la place d’une simple tache<br />

de couleur blanche, des buissons d’une forme et d’une couleur<br />

bien précises, et d’une taille qu’il était facile d’estimer. « Elles ne<br />

sont pas d’ici, dis-je, n’est-ce pas ? Pas de notre Teur. »<br />

Personne ne répondit ; j’avais dû parler à voix trop basse pour<br />

pouvoir être enten<strong>du</strong>, si ce n’est peut-être de Dorcas.<br />

Elles présentaient une raideur, une sorte d’exactitude<br />

géométrique qui n’étaient pas nées sous notre soleil. La couleur<br />

de leurs feuilles faisait penser à celle d’un dos de scarabée, mais<br />

avec des teintes à la fois plus profondes et plus translucides.<br />

Elles semblaient impliquer l’existence d’une lumière, à<br />

d’incommensurables distances, se déployant sur un autre<br />

spectre et qui aurait peut-être fané et desséché notre planète, ou<br />

qui au contraire l’aurait ennoblie.<br />

Aghia en tête, moi-même derrière elle, Dorcas me suivant et<br />

Hildegrin fermant la marche, nous nous en rapprochâmes, je<br />

pus alors constater que chaque feuille ressemblait à la lame<br />

d’une dague, raide et pointue, et que le tranchant, affilé comme<br />

un rasoir, aurait satisfait même maître Gurloes. Au-dessus de<br />

ces feuilles, les fleurs en boutons mi-clos qui avaient formé la<br />

tache blanche aperçue depuis l’autre rive semblaient des<br />

créations de pure beauté, des vierges fantasques gardées par des<br />

centaines de poignards. <strong>Le</strong>s pétales de ces grandes et<br />

luxuriantes corolles s’ourlaient d’une manière qui aurait pu<br />

paraître chiffonnée, s’ils n’avaient pas été ordonnés selon un<br />

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