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Le Livre du second

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occasions et qu’il vous recommande, je suppose que je n’ai pas<br />

le choix. Allons-y ; il faudra bien que mon chaland nous porte<br />

tous les quatre. »<br />

Il partit en avant, nous faisant signe de le suivre. Je<br />

remarquai que ses bottes, qui me semblèrent avoir été graissées,<br />

s’enfonçaient davantage que les miennes dans le lit de roseaux.<br />

Aghia lui dit : « Elle ne vient pas avec nous. » <strong>Le</strong> contraire était<br />

pourtant évident, à en juger par la façon dont Dorcas s’était<br />

mise à notre remorque ; sa déréliction me parut telle que je<br />

restai en arrière pour tenter de la réconforter. « Je vous<br />

prêterais bien mon manteau, lui dis-je à voix basse, mais il est<br />

tellement mouillé que vous auriez encore plus froid. Si<br />

cependant vous rebroussez chemin et suivez cette piste de<br />

roseaux, vous allez sortir d’ici et vous retrouver dans un<br />

corridor plus chaud et plus sec. Vous n’aurez qu’à chercher<br />

ensuite une porte marquée jardin de la Jungle ; l’endroit qui se<br />

trouve derrière est chaud et ensoleillé, vous y serez très bien. »<br />

J’avais à peine fini ma phrase que je me souvins <strong>du</strong><br />

pélycosaure que nous avions vu dans la jungle. Heureusement –<br />

et peut-être cela valait-il mieux –, Dorcas n’eut pas l’air d’avoir<br />

enten<strong>du</strong> mes explications. Il y avait quelque chose dans son<br />

visage qui me montrait qu’elle avait peur d’Aghia, ou <strong>du</strong> moins<br />

qu’elle avait conscience de lui avoir déplu et de ne pouvoir rien y<br />

faire. À part cela, rien n’indiquait qu’elle remarquât son<br />

environnement davantage qu’une somnambule.<br />

Comprenant bien que je n’avais pas réussi à soulager sa<br />

détresse, je m’y pris autrement. « Vous trouverez un homme<br />

dans ce corridor ; c’est un conservateur. Je suis sûr qu’il fera au<br />

moins l’effort de vous chercher des vêtements et un bon feu. »<br />

<strong>Le</strong> vent souleva la chevelure châtain d’Aghia lorsqu’elle se<br />

retourna pour nous regarder. « Ce genre de mendiantes pullule<br />

tellement que personne n’a besoin de se soucier de l’une d’entre<br />

elles. Pas plus vous qu’un autre, Sévérian. »<br />

Hildegrin se retourna en entendant la remarque acerbe<br />

d’Aghia. « Je connais une femme qui pourrait la recueillir. Oui,<br />

et la laver et lui donner de quoi s’habiller. Dans les veines de<br />

cette jeune personne couverte de boue, coule un noble sang…<br />

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