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Le Livre du second

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de métal, et je vis que le malade couché dans le lit voisin était<br />

pris dans des bandages. Je rejetai la couverture et posai mes<br />

pieds sur le sol. Dorcas dormait, assise, le dos appuyé au mur, à<br />

la tête de mon lit. Elle s’était enroulée dans le manteau marron,<br />

et avait posé Terminus Est en travers de ses genoux ; le<br />

pommeau et l’extrémité <strong>du</strong> fourreau dépassaient de chaque côté<br />

<strong>du</strong> paquet qu’elle avait fait avec mes vêtements. Je réussis à<br />

récupérer mes bottes, mon pantalon et ma cape de guilde, ainsi<br />

que ma ceinture avec la sabretache, sans la réveiller. Mais elle<br />

murmura et s’agrippa à mon épée lorsque je tentai de la<br />

reprendre, et je décidai de la lui laisser pour le moment.<br />

Un bon nombre de malades étaient réveillés, tous me<br />

regardaient, mais aucun ne parlait. À l’autre bout de la salle,<br />

une porte donnait sur une volée de marches aboutissant ellesmêmes<br />

dans une cour intérieure, où piaffaient quelques<br />

destriers. Pendant un instant, je me crus encore en train de<br />

rêver, à voir le cynocéphale se mettre à grimper le long des<br />

protubérances <strong>du</strong> mur. Mais cet animal était tout aussi réel que<br />

les coursiers qui rongeaient leur frein, et quand je lui lançai un<br />

débris quelconque, il me montra des crocs aussi<br />

impressionnants que ceux de Triskèle.<br />

Un militaire portant haubert se rendit près de son cheval<br />

pour prendre quelque chose dans ses fontes ; je l’arrêtai et lui<br />

demandai où je me trouvais. Il crut que je voulais savoir dans<br />

quelle partie de la forteresse nous étions, et m’indiqua une<br />

tourelle derrière laquelle, me dit-il, se tenait la salle des<br />

Audiences. Il ajouta que si je l’accompagnais, je pourrais avoir<br />

de quoi manger.<br />

Comme il disait ces mots, je pris conscience d’être<br />

littéralement affamé. Je le suivis donc le long d’un corridor<br />

vaste et sombre, et nous arrivâmes dans une salle bien plus<br />

noire et basse de plafond que celle <strong>du</strong> lazaret ; deux ou trois<br />

groupes de dimarques, de la même unité que lui, étaient en<br />

train d’expédier un déjeuner composé de pain frais, de bœuf et<br />

de légumes bouillis. Mon nouvel ami me conseilla de prendre un<br />

plateau et de raconter au cuisinier que l’on m’avait dit de me<br />

rendre ici pour manger. C’est ce que je fis, et quoiqu’il marquât<br />

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