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Le Livre du second

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expliqua l’impossibilité dans laquelle nous étions de loger dans<br />

les casernements réservés aux soldats, et que si nous devions<br />

résider dans l’une des pièces réservées aux gradés, plus<br />

personne, à l’avenir, ne voudrait en faire ses quartiers.<br />

Finalement, on vida à notre intention une sorte de débarras<br />

sans fenêtres, dans lequel on fit porter deux lits et un minimum<br />

de mobilier (le tout ayant manifestement déjà beaucoup servi).<br />

J’y laissai Dorcas, et après m’être assuré que je ne risquais pas<br />

de passer au travers de quelque planche pourrie de l’échafaud<br />

au moment critique, ni d’être obligé d’immobiliser mon client<br />

avec les genoux tout en le décapitant, je me rendis à la prison<br />

pour effectuer la visite, traditionnelle dans notre guilde.<br />

Même si celle-ci est entièrement subjective, il existe une<br />

grande différence entre un établissement de détention auquel<br />

on est habitué et d’autres qui ne nous sont pas familiers. Si<br />

j’étais descen<strong>du</strong> dans les cachots de notre tour, j’aurais eu<br />

l’impression de revenir chez moi, très précisément – pour y<br />

mourir peut-être, mais chez moi. Certes, il m’était possible de<br />

prendre conscience, d’une façon toute abstraite, que nos<br />

corridors de métal circulaires et nos portes étroites et grises,<br />

pouvaient être synonymes d’horreur et d’épouvante pour ceux<br />

qui s’y trouvaient confinés ; mais c’est une horreur que je<br />

n’éprouvais pas moi-même, et si quelqu’un m’avait fait<br />

remarquer que j’aurais dû la ressentir, je n’aurais pas tardé à en<br />

faire ressortir tous les avantages : draps propres, couvertures<br />

chaudes, repas réguliers, éclairage suffisant, intimité rarement<br />

perturbée, et ainsi de suite.<br />

Tandis que maintenant, tout en descendant l’étroit escalier<br />

de pierre en colimaçon qui menait dans des lieux de détention<br />

cent fois plus petits que les nôtres, les sentiments que<br />

j’éprouvais étaient exactement à l’opposé de ceux qui m’auraient<br />

envahi dans les sous-sols de la tour Matachine. J’étais oppressé<br />

par l’obscurité et la puanteur qui y régnaient. La pensée que<br />

j’aurais pu moi-même m’y trouver confiné par un accident<br />

quelconque (<strong>du</strong> fait d’un ordre mal transmis, par exemple, ou<br />

<strong>du</strong> machiavélisme insoupçonnable <strong>du</strong> porveor) ne cessait pas de<br />

me hanter, en dépit de tous mes efforts pour la chasser de mon<br />

esprit.<br />

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