Travaux de l'IFAO 2004-2005

434 LAURE PANTALACCI
Le second sondage (2005) a également livré des pesons entiers ou fragmentaires et divers
objets en os (bâtons ou baguettes, demi-plaque perforée), dont certains présentent des cannelures
aux extrémités et des rainures. Par ailleurs, des coquillages (murex) ont été trouvés ;
la coquille de certains a été perforée pour l’extraction de l’animal, sans doute afin de l’utiliser
comme colorant textile.
Mais la découverte essentielle de la campagne de
2005 demeure celle des huit fusaïoles en os (US 201
à 228, fig. 16) attestant l’existence de la pratique du
filage à Tinnîs avant la destruction de la ville en 1227.
Leur diamètre est compris entre 1,5 cm et 2,4 cm. De
formes variées, elles présentent presque toutes un décor
incisé (rayons, obliques et cercles). Plusieurs montrent
des traces d’usure, en particulier au niveau de la perforation
servant à recevoir le fuseau, ou des cassures.
Ce matériel permet d’illustrer de façon concrète les
FIG. 16. Fusaïoles en os.
mentions littéraires relatives aux industries textiles de
Tinnîs, principal centre de tissage et surtout de filage
de l’Égypte médiévale.
Étude du matériel céramique
J. BONNÉRIC
L’étude partielle du mobilier céramique des années 2004 et 2005 a été menée par Julie
Bonnéric et Gillian Pyke, aidés pour les dessins par Alison Gascoigne et pour les photographies
par Anne Schmitt. Étant donné la brièveté du temps imparti, il a semblé pertinent de privilégier
l’étude des céramiques glaçurées sur celle des céramiques communes, qui n’a été qu’amorcée.
Les céramiques glaçurées les plus fréquentes sont couvertes au manganèse sur leur paroi
intérieure uniquement et sont caractérisées par une pâte argileuse rouge sombre. Ce type non
décoré est utilisé pour la réalisation de plats de cuisson, et, sur pâte calcaire poreuse de couleur
crème, d’autres formes comme des bols.
Un autre grand groupe a pu être mis en évidence : il s’agit de céramiques à pâte rouge, rose,
crème ou verdâtre, recouvertes d’une glaçure jaune pastel clair sur leur surface intérieure et
extérieure. De nombreux tessons sont décorés d’une double cannelure près du bord. Ce type
comprend des bols, des lampes et un couvercle.
Une autre catégorie de céramiques, dont la glaçure est très altérée et présente un pastillage
clairsemé de taches vertes, doit probablement cet aspect à la dégradation d’une glaçure verte
uniforme.
Les céramiques à glaçure blanche présentent de grandes variations de qualité : certaines sont
sans doute des imitations de porcelaine, d’autres des produits plus communs.
Dans les céramiques monochromes à glaçure turquoise, la gamme chromatique est très
variée : la couleur va du bleu-blanc au vert épinard, en fonction de la qualité de la glaçure ou
du degré de cuisson. À Tinnîs, la glaçure de la majorité des tessons de ce type est un pastillage
de bleu et de blanc, conséquence probable de l’altération d’un état initial inconnu. La surface
de ces glaçures est souvent nacrée. Ce groupe est représenté par des fragments de panse, surtout
des formes fermées.