Travaux de l'IFAO 2004-2005

480 LAURE PANTALACCI
plus souvent, c’est un centurion ou un curator praesidii) ; cette correspondance concerne très
souvent l’hydrophorie (i.e. l’approvisionnement en eau), qui était organisée par l’armée.
À côté de ce travail en magasin, H. Cuvigny a appliqué au corpus d’Umm Balad (990 ostraca)
la méthode qu’elle avait mise au point l’an dernier avec celui de Didymoi pour coder les caractéristiques
pertinentes des écritures, de façon à identifier des mains. Ce travail a permis d’affiner
le regroupement des dossiers et a révélé quelques autres raccords. Elle a également dressé un
tableau des dossiers avec indication des unités stratigraphiques, qui permettra à l’archéologue
du dépotoir, J.-P. Brun, de raccorder les couches entre les carrés fouillés et, espérons-le, de
localiser précisément les dépôts antoniniens dans la stratigraphie du dépotoir : on se souvient
que celui-ci a été fouillé avec l’idée qu’il était entièrement antoninien parce qu’un hasard
malicieux avait voulu que, jusqu’à la dernière semaine de fouilles exclue, tous les ostraca datés
mis au jour dataient d’Antonin le Pieux.
Étude paléobotanique
Cl. NEWTON
L’étude a porté sur les restes végétaux recueillis lors des fouilles d’Umm Balad en 2002 et 2003.
Il s’agit d’une part de prélèvements ponctuels (à la main) d’éléments de grande taille, d’autre
part de prélèvements de sédiment. Ils proviennent en majorité du dépotoir du praesidium, mais
quelques échantillons proviennent de l’intérieur du fortin, du sanctuaire et de la forge.
Les différentes catégories de restes végétaux identifiés sont les suivantes :
• Céréales : orge vêtue (Hordeum vulgare subsp. distichum), blé amidonnier, blé dur, avoine. Si
la balle est très présente dans les échantillons, ce n’est pas le cas de la paille ; les deux sous-produits
de traitement des céréales semblent avoir fait l’objet de deux circuits de commercialisation et
d’utilisation bien distincts.
• Fruits : datte, fruit du doum, sébeste, grenade, pastèque, raisin, olive.
• Légumes frais et légumes secs : ail, oignon, melon/concombre, betterave/épinard, laitue,
gesse, pois, lentille.
• Plantes oléifères : lin, moutarde, laitue, olive, carthame (faux safran).
• Condiments/aromates : fenouil, céleri (?), aneth, coriandre, cumin, anis, nigelle (cumin
noir), moutarde.
On relève la présence abondante de plantes sauvages/adventices des cultures, typiques de la vallée
du Nil, qui ont dû arriver sur le site avec la balle destinée à l’affourragement des bêtes de somme.
Flore spontanée des oueds environnants : Acacia sp., Pulicaria undulata, Zilla spinosa,
cf. Morettia philaeana, Tamarix sp. (pas T. aphylla).
D’après les ostraca, certains de ces légumes et condiments étaient produits dans des potagers
du désert, établis à côté de puits. Pour le reste, le ravitaillement venait bien entendu de
la vallée ; il n’y a pas de traces d’importation lointaine, contrairement à ce que l’on a trouvé à
Maximianon, sur la route caravanière de Koptos à Myos Hormos.
Le combustible retrouvé dans la couche de cendres associée à la forge, et dans le foyer de la
pièce 43 du fort, ne consiste qu’en bois ou charbon de bois. Dans l’autre cas de cendres trouvées
dans le fort (13906), il n’y a pas non plus d’indices d’utilisation d’autres types de combustible.
Les indices de combustibles retrouvés dans le dépotoir consistent essentiellement en bois ou
en fibres de palmier carbonisés.