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Travaux de l'IFAO 2004-2005

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482 LAURE PANTALACCI<br />

Au terme <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>, le dépotoir d’Umm Balad se révèle, lui aussi, riche en trouvailles textiles,<br />

mais les fragments textiles qui en proviennent sont, pour la plupart, comme écrasés et<br />

pris dans une gangue <strong>de</strong> saleté et <strong>de</strong> boue durcies, très difficile à enlever. Il s’agit, malgré ces<br />

difficultés, d’un matériel très intéressant, non seulement par les comparaisons qu’il permet avec<br />

les textiles <strong>de</strong>s autres sites, mais aussi par son originalité. Les textiles d’Umm Balad reflètent<br />

en effet la condition <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s occupants du site : on retrouve ici en abondance <strong>de</strong>s<br />

fragments <strong>de</strong>s vêtements communs à l’époque en Égypte, tuniques, manteaux, capes, mais<br />

soit dans <strong>de</strong>s qualités inférieures aux trouvailles <strong>de</strong>s autres sites, soit dans un état d’usure, <strong>de</strong><br />

remploi, <strong>de</strong> rapetassage et <strong>de</strong> ravaudage qui témoigne <strong>de</strong> la ru<strong>de</strong> et laborieuse existence <strong>de</strong> la<br />

main-d’œuvre employée dans les carrières. Les conditions climatiques assez sévères en hiver<br />

dans le site montagneux d’Umm Balad pourraient expliquer l’abondance relative <strong>de</strong>s lainages<br />

<strong>de</strong>nses ou épais, en sergés dont une partie présente <strong>de</strong>s types désormais i<strong>de</strong>ntifiés comme <strong>de</strong><br />

provenance européenne. Le feutre, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux qualités différentes, est également exceptionnellement<br />

abondant sur ce site qui fournit <strong>de</strong>s données techniques très intéressantes sur la fabrication <strong>de</strong><br />

ce matériau. Par le biais <strong>de</strong> leur environnement textile, c’est tout un pan <strong>de</strong> la vie quotidienne<br />

<strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> ces sites isolés, et un échantillonnage très large <strong>de</strong> la production textile <strong>de</strong><br />

l’époque, qui se révèle à nous.<br />

Au Caire, <strong>de</strong>s contacts ont pu être établis avec le P r Loutfy Boulos, en vue d’obtenir le matériel<br />

végétal <strong>de</strong> référence pour les analyses <strong>de</strong>s colorants textiles, ainsi qu’avec Mohammad Abbas<br />

Selim, nouveau directeur du musée d’Art islamique et du futur musée <strong>de</strong>s Textiles égyptiens,<br />

avec lequel s’ouvrent plusieurs pistes <strong>de</strong> collaboration.<br />

Restauration<br />

D. NADAL<br />

167 pièces textiles, principalement d’Umm Balad, ont été traitées. Le matériel issu <strong>de</strong> ce<br />

site est en effet difficilement lisible tant son imprégnation <strong>de</strong> terre, à cœur, empêche l’examen<br />

et rend nécessaire un traitement préalable. Il a été traité selon une procédure d’urgence, uniquement<br />

<strong>de</strong>stinée à permettre leur étu<strong>de</strong>.<br />

Les tissus ont été soumis à un trempage dans <strong>de</strong> l’eau additionnée d’Hostapon (agent<br />

mouillant non-ionique qui pénètre, grâce à sa mousse légère, à l’intérieur <strong>de</strong>s fibres en chassant<br />

l’air et la poussière), durant <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s variant selon les cas à traiter <strong>de</strong> 3 à 48 heures. En phase<br />

aqueuse, les fragments textiles sont nettoyés et dépliés ; puis on les rince, sous un filet d’eau<br />

courante. Après le rinçage, on remet en place la structure du tissu (armure), <strong>de</strong> manière à ce<br />

que la chaîne et la trame se croisent à angle droit. On aspire légèrement l’eau avec <strong>de</strong>s petits<br />

tampons d’éponge. Une fois secs, les textiles sont mis entre <strong>de</strong>ux feuilles <strong>de</strong> papier sans aci<strong>de</strong><br />

ou non-tissé, puis dans une pochette. Les pièces en feutre ne sont jamais lavées car la structure<br />

<strong>de</strong> cette matière (effilochage <strong>de</strong> laine compressé à l’eau chau<strong>de</strong>) se déliterait dans le bain. Elles<br />

sont grattées délicatement à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> grattoirs, <strong>de</strong> pointes à écarter et <strong>de</strong> pinceaux.<br />

Parmi les objets ainsi traités, les plus remarquables sont : un chapeau <strong>de</strong> feutre bleu-vert<br />

presque complet (n o 55-2101.4), <strong>de</strong> forme conique, du feutre bleu-roi (n o 167. UB 2305.21),<br />

une ban<strong>de</strong> molletière complète (n o 155.D.3049.50), un tissu à armure taquetée, arlequin,<br />

très rare (n o 156.96.3633.1), un fragment <strong>de</strong> couvre-chef en feutre avec visière en tissé<br />

(n o 105. UB. 3311.3).

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