Travaux de l'IFAO 2004-2005

494 LAURE PANTALACCI
L’extrémité du couloir, interprété en 2004 comme une loge de gardien à laquelle on accédait
par trois marches taillées dans le rocher, possède une niche qui est peut-être un miÌræb. Cette
aire peut dans ces conditions être considérée comme un petit oratoire. L’abondance des graffiti
à caractère religieux vient conforter cette interprétation.
Un réservoir d’eau, creusé dans le rocher, a été découvert dans le couloir de l’entrée. Il possède
un système de fermeture et d’évacuation. Il devait servir à étancher la soif des visiteurs
entrant dans la forteresse, ainsi peut-être qu’aux ablutions.
La fouille sur la porte a été complétée par un relevé pierre à pierre de l’enceinte sur une
centaine de mètres de longueur entre la tour d’angle au nord-ouest et la porte. Ce travail permet
de préciser les modes de construction (échafaudages, appareil, etc.) et de défense (nature
et rythme des archères).
Études du matériel
Matériel inscrit
J.-M. MOUTON
Le dégagement de la porte d’entrée de la forteresse a permis de découvrir trente-huit nouveaux
graffiti, tracés sur les murs à l’encre noire ou ocre, ou encore incisés, portant le total sur
les deux campagnes 2004 et 2005 à quatre-vingt-quatre inscriptions. Six de ces textes sont datés :
le plus ancien des années 610 de l’hégire (1210) et le plus récent de 644/1246-47. La plupart de
ces graffiti ont un contenu religieux et ont été gravés par les pèlerins se rendant à La Mecque
dans la première moitié du XIII e siècle, époque où ∑adr était encore une station sur la route du
pèlerinage, avant que le sultan mamelouk Baybars (1260-1277) ne fasse aménager une nouvelle
route passant plus au nord. Quelques graffiti concernent également les soldats de la garnison
(mention de tours de garde, listes de noms martelés) ; on trouve encore un hymne au sultan
al-Kæmil, écrit quelques mois après sa mort par un personnage surnommé Ibn al-Qal©î (le fils
de la forteresse). Il faut enfin noter que pour la première fois le nom médiéval de la forteresse,
∑adr, identifié dans les sources littéraires par Gaston Wiet (« Les inscriptions arabes de la Qal‘ah
Guindi », Syria III, 1922, p. 145-152), a été découvert sur le site sur un fragment d’enduit datant
du règne du sultan ayyoubide al-Kæmil (1218-1238).
De nouveaux documents sur papier ont également été découverts lors de cette campagne,
essentiellement dans le secteur 2. Plus d’une centaine de fragments ont ainsi été mis au jour
durant les deux dernières saisons, dont un daté de 627/1229-30. Quelques documents complets
présentent un réel intérêt, comme deux listes de soldats de la garnison dont une mentionnant
les commandes de ceux-ci en nourriture, huile et savon. Une lettre adressée à un personnage
travaillant dans le moulin de la forteresse nous renseigne également sur le personnel employé
au moulin et sur la relève de celui-ci.
Il faut enfin signaler la découverte, au pied de la grande mosquée, de deux fragments d’une
inscription au style semblable à celui des inscriptions datant de l’époque de Saladin.
Céramique
S. MOUNY
En 2003, face à l’abondance du mobilier céramique jonchant le sol, une prospection de
terrain a été entreprise sur toute la surface de la forteresse. Ce travail d’exploration a abouti
à un échantillonnage des types de pâtes existants et à une quantification des productions selon
une détermination spatiale précise. Il se dégage de cette prospection terrestre l’existence