Travaux de l'IFAO 2004-2005

498 LAURE PANTALACCI
a été brodée, avant qu’un rebord occultant une partie de celle-ci ne soit réalisé. Enfin, la toile
à décor épigraphique a été successivement cousue avec d’autres toiles, afin d’obtenir un objet
de plus en plus épais. L’hypothèse d’une couverture n’est pas à exclure mais reste à vérifier.
Ossements animaux
B. CLAVEL
L’intégration de l’archéozoologie à la problématique générale du site a eu des conséquences
positives sur les modalités de saisie de l’information. En effet, cette intégration quotidienne sur
le terrain a permis d’adapter des méthodes d’investigations adéquates et de faciliter la collecte
d’indices supplémentaires. La qualité de l’information directement perçue par l’archéologue
s’en est trouvée ainsi modifiée.
Deux catégories de vestiges osseux ont été étudiées : des ossements collectés à la main lors de
la fouille et des vestiges recueillis lors du tamisage à sec de plusieurs litres de sédiments prélevés
sur le site. De multiples prélèvements ont été réalisés dans certaines structures archéologiques
spécifiques comme des latrines ou des niveaux d’occupations riches en matières organiques.
Au total, 685 litres de sédiments ont été prélevés et tamisés à sec sur un tamis de 1,6 mm.
Unités stratigraphiques prélevées
latrines 104 contexte 136 - 100 litres
latrines 104 contexte 105 - 80 litres
U.S. 98 - 70 litres
U.S. 101 - 100 litres
U.S. 170 - 40 litres
U.S. 73 - 60 litres
U.S. 154 - 220 litres
U.S. 147 - 15 litres
Les refus de tamis des latrines 104 et de la couche 154 ont été triés dans leur globalité ; au
total, 593 petits ossements ont été extraits et étudiés. Parmi ces fragments, on notera, pour les
contextes 105 et 136, la présence d’éléments de poissons et d’oiseaux abîmés. Cette altération
de la surface des os est sans nul doute d’origine digestive.
Les ossements collectés à vue, plus imposants, ont généralement une taille supérieure à 2 cm.
Les mammifères représentent dans cette fraction la majorité des restes récoltés, les oiseaux et
les poissons étant moins bien représentés. Pour ces derniers, les espèces attestées sont toutes
d’origine marine. Dans l’état actuel de l’analyse, seuls des fragments de mulets ont été repérés.
La faune recueillie est composée de 2 320 restes osseux et dentaires. Le décompte des ossements,
classés par grands groupes, indique une très nette prédominance des os de mammifères domestiques
(mouton, chèvre, âne, cheval, dromadaire, bovidés, chat et chien). Parmi les animaux
sauvages, on notera la présence d’antilopes, de lièvres ou d’oiseaux comme la perdrix.
Mis à part les os, d’autres matières animales ont été découvertes. En premier lieu des coquilles
d’œufs (de galliformes et d’autruche) et de mollusques (lamellibranche et gastéropodes
marins) puis des éléments de peau, des poils, de la corne, de la laine, et même des plumes et des
tendons. Dans la plupart des climats tempérés, ces matières ne sont pas conservées. Il faut des
dispositions particulières comme une mise à l’abri de l’air des matières molles par immersion
ou comme à ∑adr des conditions exceptionnelles de sécheresse avec une circulation d’air forte
pour espérer découvrir de tels vestiges.
La masse importante de matériel en cours de traitement devait permettre de décrire le rôle des
produits animaux dans la micro-société de la forteresse de ∑adr durant les XII e et XIII e siècles.