Travaux de l'IFAO 2004-2005

TRAVAUX DE L’INSTITUT FRANÇAIS D’ARCHÉOLOGIE ORIENTALE EN 2004-2005 483
Les analyses de teintures
W. NOWIK
Pour analyser les teintures utilisées, il convenait d’opérer la sélection et le prélèvement
d’échantillons, ainsi que des analyses sur place à l’aide de méthodes micro-chimiques adaptées
aux contraintes du terrain. L’intention était de classer les colorants par types et de sélectionner
un groupe particulièrement intéressant (indigoïdes) pour des analyses approfondies au
laboratoire de conservation-restauration de l’Ifao.
En raison de retards dus à des difficultés administratives et douanières, le programme n’a
pu être que partiellement réalisé. W. Nowik en a profité pour assister D. Nadal, et mieux
appréhender les contraintes de sélection des objets pour l’étude de colorants. En concertation
avec ses trois collègues, il a procédé à 112 prélèvements de fils colorés (échantillons de 3 à 5
fils, soit 0,5 à 1 cm selon les cas) : 7 pour le site de Maximianon, 40 pour Didymoi et 65 pour
Umm Balad. On a privilégié la mise en évidence des colorants pouvant contribuer à la teinture
pourpre jusqu’à ses variantes limites, déterminées comme : gris, bleu, rouge, violet et brun.
Néanmoins, quelques prélèvements d’autres couleurs, particulièrement intéressants soit par
l’importance technique de la pièce soit par le vieillissement apparent inhabituel du colorant
ont été réalisés.
Au Caire, dans le laboratoire de l’Ifao, W. Nowik a pu traiter une trentaine d’échantillons des
sites de Maximianon et Didymoi, cherchant à détecter certains éléments qui peuvent contribuer
à la définition du type de teinture : l’aluminium (Al), qui peut être un témoin de teinture à
mordant ; le fer (Fe), parfois utilisé pour obtenir les teintures brunes-violettes avec des colorants
anthraquïnoides (notamment l’extrait de la garance des teinturiers) ; le brome (Br) dont la
présence, rare, est habituellement liée à la coloration avec la pourpre (dite vraie ou « tyrienne »)
issue de mollusques marins, dont la molécule principale est la dibromoindigotine.
Vu la faible réponse d’Al dans les conditions adoptées, W. Nowik s’est donc concentré sur
la quantification apparente du Br et du Fe. Le signal de Cu était intéressant comme une espèce
d’étalonnage interne, car sa réponse dans les étalons (papier et pourpre) était nette et stable.
Résultats obtenus
Parmi les échantillons analysés, certains semblent être très riches en élément fer ; les autres
semblent montrer une quantité signifiante d’élément brome.
Il est difficile de commenter les résultats d’analyse, en raison des contraintes liées à la méthode
utilisée. Néanmoins, on peut avancer quelques observations quant à la détection du
Fe et du Br.
Pour obtenir les teintures brunes, violettes et pourpres, trois procédés semblent possibles :
la teinture à la garance avec une superposition de bleu indigo, la teinture à la garance après un
mordançage au fer (Fe) et l’utilisation de la vraie pourpre. Il semblerait que le mordançage au fer
ait pu être utilisé pour les pourpres, rouges et brun des échantillons provenant de 11 objets.
Pour la présence de brome (Br) qui peut être significative de l’emploi de la vraie pourpre,
trois échantillons ont attiré l’attention : brun D.1536.108 (Br/Cu = 0,40), pourpre D.3329.3
(Br/Cu = 0,30) et rouge D.3324.11 (Br/Cu = 0,29 – limite). Par ailleurs, ils contiennent tous
des quantités significatives de fer (Fe). Ces échantillons sont potentiellement susceptibles de
contenir la pourpre véritable.
Ces résultats nécessitent, néanmoins, une confirmation par les méthodes d’analyse moléculaire
(CCM ou CLHP). Il n’est pas exclu que quelques échantillons, donnant les valeurs