III - L’in<strong>du</strong>strie lithique 17
La poterie sert de référent principal pour les archéologues <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> à céramique afin de déterminer une certaine chronologie re<strong>la</strong>tive et le degré d’interaction <strong>des</strong> cultures anciennes. Pour les pério<strong>des</strong> précéramique, ce rôle <strong>est</strong> rempli par le matériel lithique, <strong>du</strong> fait de sa représentation dense et son état de préservation, même si l’arbitraire culturel y tient moins d’importance que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction de <strong>la</strong> céramique. L'état de <strong>la</strong> recherche sur le Néolithique précéramique <strong>du</strong> Proche-Orient souffre aujourd'hui de certaines <strong>la</strong>cunes quant à <strong>la</strong> compréhension de son développement chronologique et géographique. Il <strong>est</strong> donc primordial de se reporter aux assemb<strong>la</strong>ges lithiques <strong>des</strong> différentes régions concernées - que l'on pourrait définir comme <strong>la</strong> moitié nord <strong>du</strong> Croissant Fertile- pour essayer de r<strong>est</strong>ituer leurs correspondances chronologiques. <strong>Le</strong>s préhistoriens, dès <strong>Le</strong>roi-Gourhan, ont montré que l'in<strong>du</strong>strie lithique, étudiée selon <strong>la</strong> méthode de <strong>la</strong> chaîne opératoire, recèle une mine d'informations très importante sur <strong>la</strong> société pro<strong>du</strong>ctrice. Ici, nous nous attacherons à trois phases ou étapes de cette chaîne qui sont, chronologiquement, l'acquisition, <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction et le pro<strong>du</strong>it fini, car elles révèlent au mieux, <strong>dans</strong> ce cas, <strong>des</strong> tendances caractéristiques de traditions culturelles. Nous ne garderons pas cet ordre car c’<strong>est</strong>, tout d’abord, le pro<strong>du</strong>it fini qui s’<strong>est</strong> établi comme véritable fossile directeur pour l'établissement d'un repère chrono-culturel de ces régions. En effet, <strong>la</strong> meilleure arme dont dispose le chercheur pour <strong>la</strong> datation <strong>du</strong> Néolithique précéramique, <strong>est</strong> celle d'une typologie de pointes de flèches. Celle-ci <strong>est</strong> bien documentée et assez précise pour démontrer un cheminement, <strong>dans</strong> le temps et <strong>dans</strong> l'espace, <strong>des</strong> différents types puisqu’elles sont présentes <strong>dans</strong> tous les sites néolithiques, que leur développement <strong>est</strong> re<strong>la</strong>tivement rapide et qu’elles sont, par leur morphologie, <strong>des</strong> marqueurs culturels c<strong>la</strong>irs (Gopher 1989 : 44). Dès le début se distinguent, au Moyen- Orient, deux gran<strong>des</strong> familles (<strong>Le</strong>vant et Zagros), trop souvent étudiées à part, alors qu’un grand nombre de corré<strong>la</strong>tions montrent qu'elles doivent être mises en parallèle. Ensuite, <strong>la</strong> qu<strong>est</strong>ion sera de savoir, à partir <strong>des</strong> assemb<strong>la</strong>ges proposés pour chaque site, où se trouve <strong>la</strong> limite ou l’espace d'interaction de ces deux gran<strong>des</strong> zones principales et s'il y a une fluctuation de celles-ci <strong>dans</strong> le temps. Aussi, l'étude de l'acquisition et <strong>du</strong> transport de matière première a eu <strong>des</strong> résultats étonnants. <strong>Le</strong>s analyses géochimiques, en particulier, sur le matériel lithique de ces régions ont permis d'identifier l'un <strong>des</strong> premiers exemples d’échange à longue distance connus. En effet, au <strong>Le</strong>vant une partie de ces pointes de flèches <strong>est</strong> taillée <strong>dans</strong> l'obsidienne, dont <strong>la</strong> provenance exacte a pu être déterminée: <strong>la</strong> Cappadoce et le <strong>la</strong>c de 18